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09/02/2011



ARTICLES ET CONFERENCES

DÉ-ÉCRIRE LA DOULEUR



CLAUDE BER DÉ-ÉCRIRE LA DOULEUR

DÉ-ÉCRIRE LA DOULEUR
Article publié dans les Actes du Colloque de Sousse, Editions Multivers ACADEMIC, Copenhague 2018

La posture du témoignage est autre que celle de l’analyse. C’est en tant qu’écrivain que je suis amenée à parler et de ce lieu, où j’ai écrit de la douleur – et plus particulièrement de la folie, de la mort et de la perte – et où la question initiale est : qu’est-ce qu’en dire autre chose que ce qui en a déjà été dit par l’écriture ? Quel est le statut d’une parole sur l’écriture émanant de l’écrivain ? A partir de là, la démarche, à défaut de réponse, ne peut que se tenir qu’au ras du processus d’écrire.
Cela implique de remonter le temps et la durée de l’écriture pour en interroger les ressorts, la nécessité interne, les formes dans ce qu’il y a en ces dernières à la fois de choix concerté, de travail d’écrire et de mouvement intérieur qui échappe à la distance critique dans ce jeu, où l’écriture oscille entre l’ouvrage lucide de « la main à plume » et une pulsion qui porte vers cet ouvrage, le fonde, mais ne le réalise pas.
Car écrire la douleur est autre chose qu’exprimer la douleur. Entre d’un côté, l’expression immédiate, souvent muette, de la souffrance et, de l’autre, un discours organisé sur elle, se place, pour moi, un écrire de la douleur qui en cherche et creuse la trace dans la chair même de la langue.
A partir de ces quelques prémisses, mon propos s’organisera autour de trois axes.
Le premier, qui pourrait s’intituler « entre-deux de la douleur », interrogera la temporalité de la douleur et le rapport singulier que chaque écrivain entretient avec elle. Entre écrire du dedans la douleur ou à distance de la douleur, entre l’exorcisme et le témoignage, entre la volonté consciente de s’affronter à elle et sinon de la saisir du moins de lui donner forme – de la « formuler » dans un langage - et un mouvement inconscient qui porterait à l’écriture de la douleur comme à une catharsis, entre la revivre ou la conjurer, c’est dans des « entre-deux » que se situe, pour moi, l’écriture de la douleur et ce sont ces entre-deux que j’interrogerai.
Le deuxième axe est celui des formes de l’écriture. Là est l’essentiel. Et, pour moi du moins, il s’est moins agi de redonner forme dans un langage à ce que la douleur peut introduire de déchirure, de dispersion dans l’être même et dans la langue (c’est balbutiante et répétitive qu’est la douleur), que de rendre cette déconstruction dans le langage. Il s’agissait moins d’écrire la douleur que de la dé/écrire dans ce processus de la douleur qui mine les fondements du langage. A la douleur indéfiniment et répétitivement réécrite souvent à l’identique dans la plainte intérieure, dans cette répétition à laquelle voue la douleur, dans ce peu qui la constitue du peu des mots, c’était moins de l’écrire qu’il s’agissait que d’en dé/écrire la parole figée.
Car, et c’est le troisième point, l’écriture touche à la fois au plus intime de soi en même temps qu’elle se distingue de la confession brute comme de l’expression de la douleur . On écrit avec du soi, mais pas dans un immédiat de soi où le sujet de l’écriture serait l’équivalent de la personne. Quelque chose a lieu, qui déplace le sujet dans et par la langue. Autre chose se joue que la catharsis, l’accompagnement d’un processus psychologique que l’écriture favoriserait. Le sentir de la douleur, son expression première est le matériau brut de la démarche littéraire du dire de la douleur, elle ne la constitue pas. Dans cette traversée qui est pour chacun d’ordre initiatique, l’écriture joue alors un rôle de « petit véhicule » pour reprendre une métaphore bien connue. C’est en tant qu’écriture et parce qu’elle vise à l’être, qu’elle peut être levier du mouvement. C’est de la posture « littéraire » que naît la possibilité d’efficience intérieure de cette écriture non, me semble-t-il, de la seule expression discursive de la douleur. C’est cette « posture d’écrire », qu’il me semblera, au final, nécessaire de considérer si tant est que quelque éclaircissement puisse être apporté par qui se livre à cette action paradoxale de l’écrivain qui construit cet objet aléatoire et risqué, dont il ne sait ni exactement ce qu’il est ni s’il signifiera pour quiconque.


Mercredi 30 Mai 2018
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cb
22/11/2010