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09/02/2011



REVUE DE PRESSE

LA MORT N'EST JAMAIS COMME -PRESSE-



ARTICLE SUR LA MORT N'EST JAMAIS COMME POÉZIBAO 08/2019

Poezibao https://poezibao.typepad.com/

(Note de lecture), Claude Ber, La mort n'est jamais comme, par Alexis Pelletier


La mort n’est jamais comme a d’abord paru, chez Léo Scheer en 2004. L’ouvrage a été repris aux Éditions de l’Amandier en 2011 et il connaît aujourd’hui une troisième édition chez Bruno Doucey. On ne peut que se réjouir de retrouver ce livre qui propose aux lectrices et lecteurs une expérience qui allie sensibilité et méditation autour d’un thème que le titre met bien sûr en évidence : la mort.
Il s’agit ici de la mort de l’être aimée et les trois parties du livre (« Ce qui reste », « Ainsi des bribes » et « Fragment in memoriam ») permettent d’entrer plus avant dans différentes strates d’un chant de deuil, c’est-à-dire dans ce qu’on appelait autrefois l’élégie.

Dans « Ce qui reste » qui est constitué d’un seul long poème, la tension se fait entre « ce qui reste de toi » (p.17) et « ce qui reste des morts » (p.18). Toute expérience de deuil ravive dans l’intimité de la douleur, les morts et les spectres que chacun porte en soi. Et dans un vers libre qui s’allonge pour passer insensiblement à la prose, Claude Ber note le plus terre à terre de la mort, « tes pieds devenus rigides » (p.17) et tout ce qui s’appelle « le ménage des morts » : « une fois fait le ménage des morts, le poème c’est ce qui reste à ceux qui restent » (p.19). Mais ces notations sont aussitôt replacées dans un mouvement qui procède d’un art poétique. En effet, Claude Ber affirme à propos de cette épreuve de la mort : « ce qui reste une fois que cesse la tyrannie de la parole / je l’appelle poème » (p.16).
Le deuil, évidemment, c’est l’épreuve partagée du mourir, avec les vivants qui accompagnent. Et Claude Ber de souligner plusieurs fois que « ce qui reste » fait entendre « ceux qui restent ». Et si le mot poème arrive comme on l’a vu, dans la parole de la poète, c’est aussi bien pour constituer un monument en mémoire de celle qui n’est plus qu’un recueil présent pour les lectrices et lecteurs. Parce que c’est la difficulté « à dire ‘‘tu n’es plus’’ » (p.22) qui est partagée dans toutes les expériences du vivre encore. Et pour Claude Ber, le poème est – éthiquement sans doute – le moyen d’affronter ce réel sans épanchement, ni complaisance. C’est pour cela que cette première partie s’achève sur l’évidence de ce qui s’arrête par le poème et dans l’écriture-même de celui-ci : « il n’y a pas de preuve / mais la peau n’en a pas besoin / ni les nuages dans le jaune de l’aube / de la mer séparée / ne reste plus qu’une ligne au bout tombé du ciel / de toi à moi / cette ligne qui va sombrer » (p.23).

La deuxième partie, « Ainsi des bribes » construit, en 22 poèmes titrés, une sorte de récit de la mort (« ainsi des bribes », « photographie », « la mort n’est jamais comme », « en haut », etc.). Ces 22 poèmes qui suivent toujours le rythme du vers long de Claude Ber sont séparés les uns des autres, par 50 « Découpes », écrites en prose, qui forment peut-être des stations au cœur de ce récit. Ces découpes sont assemblées tout au long de la deuxième partie, par groupe de deux ou trois. Ainsi elles conduisent d’un poème titré à l’autre et proposent une sorte de bilan de l’écriture du deuil.
Le récit de la mort, c’est la superposition dans le deuil des souvenirs, de la maladie – il s’agit ici de la schizophrénie –, de la mémoire des corps, des étapes du mourir et de la douleur. Cela conduit à une langue impossible parce qu’elle ne peut s’accorder aucune analogie. On trouve évidemment ici le sens du titre du livre. D’ailleurs, dans le poème qui, à l’intérieur de cette deuxième partie, développe le contenu du titre, Claude Ber s’y présente ainsi : « vivant seulement avec comme / à l’élimé du langage et de la vie où ne restent que semblances comme / survivant tout pour ainsi dire comme / avec des images comme / dans un dénuement tellement sans proportion avec rien / qu’il appelle la dimension de la mort » (p.36-37) C’est que la mort est à la fois non-cernable, imprononçable et sans réel épaisseur dans la langue. En fait, Claude Ber développe cette réalité du langage qui fait qu’on ne peut jamais dire l’instant de la mort et que cet instant se prolonge dans toutes les étapes de la vie, après le départ de son amour.
Et cela donne un poème dans lequel passent peut-être des accents d’Artaud : « le momort » (p.61-62) : « la mort fait de la langue entière un charabia / quand ne sont plus imaginées mort et folie » (p.61). Ainsi, le poème – brinquebalant presque – construit au fur de son dire une image qui échappe sans cesse et qui reconduit à la vie dans la mort, à moins qu’elle ne fasse comprendre que la mort, c’est la vie jusqu’au bout. C’est pour cela que Claude Ber peut écrire dans « fantôme devenu » (p.96-98) : « la mort travaille aussi en moi / ajoutant ta vie à ma vie soustrayant ta vie de ma vie » (p.96) Il convient, d’ailleurs, de remarquer le masculin qui fait de « devenu » un adjectif et non un participe (une sorte d’ablatif absolu, en somme). C’est le poème qui devient ainsi fantôme et qui dans le chemin du livre conduit à ce constat : « je ne parle / et me déçoit déraisonnablement toute parole / portant parole le deuil de la parole » (« je ne parle », p.113). Aussitôt, il faut lire dans cette déception, non pas une tromperie, non pas une illusion mais la marque de la vie qui continue et qui – douleur et confrontation avec la folie et son envers dans la langue parfaitement assumées – s’affirme clairement dans le dernier poème d’« Ainsi des bribes » : « mêmement séparément ». Car la mort vole tout de la personne aimée, sauf précisément l’amour qu’on lui porte et cela, quelles que soient les amours qui accompagnent la vie au-delà de cette mort : « je vis / au fendu à vif de la vie décapée de la mort par ta mort » (p.129).
La mort, l’expérience du mourir de l’autre conduisent à une manière de faire face à la multiplicité de l’existence. Bien sûr, quand cette autre est atteinte de schizophrénie, le rapport au langage s’en trouve déplacé, soumis à des accélérations en même temps qu’à des points de rupture où l’accompagnement devient presque impossible. Cela structure la force imagée de ce qu’écrit Claude Ber. Et les 50 proses réunies sous le titre « Découpe » de le signifier intensément. Peut-être est-il possible d’affirmer que le début de la « Découpe 18 » fait le mieux sentir toutes les tensions qui pèsent sur ce langage qui tient de l’autobiographie ? « Ma tête ainsi faite qu’elle va ratissant tant de signes. Ou bien une ponceuse patiente lissant la moindre bosse sur le doux au toucher d’une rampe de bois. Un embout de chignoles à outils multiples. Et toujours des méandres. Des étagements. Un échafaudage. » (p.63). Tout se passe comme si le jeu d’une métaphore filée permettait ici de mieux comprendre cette interrogation sur le rapport au langage dans le chemin du deuil. L’imbrication voire l’intrication des fils de l’existence disent une manière de toujours reconduire la mort dans la vie, au risque d’images qui jouent de la déraison d’être. Claude Ber peut ainsi nommer cette épreuve « Un souvenir cellulaire des multiples moi » et, plus loin, « Un sursaut animal au sourire qui découvre les crocs » (« Découpe 40, p.107). La dernière découpe finissant par une sorte de dédicace multiple vient confirmer la force de ce regard sur le plus vif de la mort et du deuil, de la vie continuant dans le deuil : « À ces demeures provisoires dénuées de deuil. À la clémence d’un hasard dont rien ne sera mien. Pas même la tristesse. Mais avant ces débris ‘‘À la vie !’’ » (Découpe 50, p.132).

La longue prose de la troisième partie de La mort n’est jamais comme, « Fragment in memoriam », recompose la poétique du livre dans ce qui dans le deuil est déjà l’après du deuil. Claude Ber écrit de l’Espagne, et sans doute depuis Madrid où elle affirme dire « n’importe quoi, confondant le Palacio Real et le gril de l’Escorial » (p.135). L’humour est la marque du retour de la vie mais il ne masque pas la douleur qui perdure. Une sorte de feuilletage des sensations permet de constater la force des mots, « De ceux déjà dits et de ceux à dire, des écrits, des murmurés, des tus, des criés, des venus de si loin derrière la mort » (p.143). Et cette énergie vient placer au même niveau les notations quasi-instantanées et le souvenir : « La ville est douce dans sa lumière vibrante de frises. Comme un instant repris à cet envers de tout qu’explore le rebours du poème, c’est cette prose madrilène que je rapporte en souvenir, pour ce qu’elle accouche de possibles dans sa placidité de matrone latine vouée à la naissance. Il fait bon. » (ibid.)
L’écriture in memoriam affronte ses responsabilités et place la mort de l’aimée sous le signe d’Eurydice. Les derniers vers sont, en effet, la citation en italien de la fin d’une prière que Proserpine adresse à Pluton, au 4e acte de L’Orfeo de Monteverdi. Le texte de Striggio dit : « Fais qu’Eurydice jouisse à nouveau des jours / Qu’elle avait coutume de passer / Dans la joie et dans les chants / Et console les pleurs du malheureux Orphée ». C’est une prière parfaitement laïque et sans illusion puisqu’elle vient du monde de l’opéra, où l’illusion est maîtresse. La prière est ici ce que les vivants adressent aux morts, bien conscients de ne pas être dans l’abandon. Ils assument, par la voix de Claude Ber le prolongement de la vie et de l’amour par l’écriture de la mort : « Bye Bye au revoir adios hombres y mujeres, ciao humanita mia. Ici l’air a une douceur d’eau de source. » (p.150). On doit donc pouvoir livre « Fragment in memoriam » comme chant d’amour au présent, voire à la présence du présent. Les amours que la vie réservent, en effet, ne détruisent pas les amours vécues pour celles et ceux qui sont morts.

On aura compris que des livres qui ont creusé, depuis la fin des années 1980, le rapport à l’élégie (Quelque chose noir de Roubaud, À ce qui n’en finit pas de Deguy, La mort de l’aimé de Ristat), celui-ci résonne avec une originalité dans la construction de son dire qui est liée à sa manière de faire face aux délires de la folie et à la tristesse, tout en n’abandonnant jamais l’affirmation de l’énergie à vivre.

Alexis Pelletier

Claude Ber, La mort n’est jamais comme, préface de Bruno Doucey, Éditions Bruno Doucey, 2019, 160 pages, 16 euros.

Extrait

j’ai appris à prendre habitude de la folie comme
de l’affolement de la folie comme
à prendre habitude de la mort comme
appris à prendre habitude de cela qui a fait le quotidien de ma vie comme
si c’était le quotidien de la vie et qui est le quotidien de la vie

avec pour continuer au déchiré de la parole le recours à comme
comme un catgut à son entaille comme
au mollet mangé par des piranhas pend l’articulé de la rotule comme
une façon de réunir à l’agrafe de l’image les lobes épars d’une cervelle ou comme
une aiguille à recoudre la plèvre d’une langue autopsiée ou bien comme
un fragment de vertèbre fossile dont se déduit le corps originel comme
par magie comme
s’il ne restait que comme
pour relier grains à grains la parole comme
au Tserouf de la Kabbale chaque mot avec tous comme
pour de toutes les manières - y compris misérablement - conjurer le sort dans une vie à risque comme
un métier à risque comme
un pilote guidé au tracé des loopings par des éclats de mots comme
remorquée au câble d’un camion l’épave d’une carlingue comme
moi radotant ce charabia greffé d’organes de lettres et d’avions ou comme
contait Shéhérazade une fable vitale comme
pour ramener l’invivable au vivable ordinaire des jours comme
au métré du poème la page

Claude Ber, La mort n’est jamais comme, p.35-36.


EXTRAITS DE PRESSE DE LA PREMIÈRE ÉDITION
LA MORT N’EST JAMAIS COMME Editions Bruno Doucey (réédition).


« Un texte dense et dur, qui est aussi une incroyable recherche formelle, avec des ébauches purement abstraites, des bribes de pur poème, des empreintes de prose narrative et ses « découpes numérotées… un parfait manifeste de ce que nous avons à chercher, si l’écriture d’aujourd’hui, lorsqu’elle se confronte comme ici à une charge aussi vitale, le deuil impossible d’un proche, devient rétive à toute appartenance de genre » François Bon, Remue-net 2004

« (...) Il y a chez Claude Ber une conscience si aigue de la transcendance de son objet qu‚elle lui inspire une singulière poétique négative au sens où l’on parle de théologie négative, une conception de la figure comme figuration du dissemblable telle qu‚on la trouve énoncée chez un Denys l’Aéropagite (...) On soulignera (...) le tropisme mystique de ce livre et son auteur ne le nierait pas, pour peu qu‚on ne le dissocie pas d‚une méditation sur les limites mêmes du langage et qu’on ait à l’esprit le spectacle de la folie dont il est né comme un chant d‚amour à celle qui y succomba. Trouver face au mutisme de la folie une juste mesure de silence, rendre vie au « mot mort » dans le « momort » telle est en effet la mission cathartique du poète, et la vocation lazaréenne de son poème. Pierre Dubrunquez Europe, avril 2004

« Dans ces « bribes », dans ces fragments qui tissent l’histoire d’une existence la mort se décline sur divers modes. Des poème en pros qui sont autant de blocs compacts comme des pierres tombales alternent avec des séquences de vers libres, trouées de blanc (…) A la fin une prose poétique va de l’avant (prorsus) tel un manifeste qui affirme en différentes langues que la vie, elle aussi, avance, et que « l’imperfection de la vie vaudra félicité ». Cette félicité est arrachée à l’impossibilité que nous avons d’accepter la mort, à l’impossibilité de la dire car « la mort fait de la langue entière un charabia ». (…) A la mort et à la défaite d’une langue sans ponctuation, sans syntaxe reconnaissable, d’une langue affolée par le travail de la mort (…), s’oppose, dans des paragraphes régulièrement ponctués, à syntaxe claire et dense, la célébration de la vie (…). Dans tous les cas, et c’est ce que dit le rythme à travers les répétitions et les variations continues, la mort impose que (…) la parole ordinaire, « l’universel reportage » selon l’ expression de Mallarmé, fasse silence afin qu’un chant puisse s’élever. (…) Cette parole tragique ne cède pourtant jamais à la tentation d’une lamentation complaisante (…) La mort n’est jamais comme n’est pas une parole de deuil, n’est pas un thrène, mais un hommage aux « choses dans leur assise, la roche dans la roche, le ciel dans le ciel et nous tous à notre place ». Joelle Gardes, Le Nouveau Recueil juin-août 2004.

« Voici un livre d’amour et de mort qui, transcendé par la splendeur de l’écriture, passe tôt de l’anecdotique – aussi tragique soit (…) la disparition d’un être tendrement aimé- à l’universalité de la douleur. Depuis la publication de Lieu des Epars (gall 1979) nous sommes quelques uns à suivre le travail spécifique de Claude Ber qui éclaire très positivement ( une fois n’étant pas coutume) le sens de l’indigeste et vague notion de modernité. (…) Il y a dans cette trituration de la langue qu’elle pratique avec le plus grand naturel ( ce qui ne signifie nullement sans l’art le plus élaboré), dans cet usage de la litanie quasi liturgique et du délire froid parfaitement contrôlé, une puissance déchirante et charnelle que guette en permanence la folie lucide de ceux pour qui la déconstruction est une des conditions préalables essentielles de la vie comme de l’écriture. Jacques Lovichi Autre Sud mars 2004

« La vie. La mort. Le vivre. La durée. La folie. L’orgasme. J’y étais. Elle y fut. (…) Ne pas plier (les genoux), accompagner ce flux de paroles et d’audace, ce cri qui se « découpe » en fragments, tranche autant de fois que le poème monte. Délire qui brode le dire, s’y tient au plus près, noue le quotidien, la ville : Paris, Nice aux entre ciels, aux antres noirs et « translucide(s) » et « outrancier(s) » de la joie
commedu scalpel. L’écrit placé haut. » Jeanine Baude, Journal des Poètes, Bruxelles 2004

« Poète confirmée et auteure dramatique chevronnée, Claude Ber nous offre à lire un livre plein ( « trésor de mots » dont elle se dit débitrice…) mais pas confus, un parcours balisé en quelque sorte…découpant le thème en motifs qui intensivement évoquent, décrivent, décryptent. Un livre curieux (qui ne dévoile pas tout, qui garde du mystère) dont la lecture ne laisse pas indemne, et c’est tant mieux. Zoé Philippe Cahiers Critiques de Poésie – Centre International de Poésie de Marseille 2004

« Mise en scène et mise en page des mots du deuil et de la perte, fruit d’une conquête sur l’inerte et le tacite, dont le livre porte la marque jusqu’à cet « effort de clarté » qui met le lecteur à distance, en aplmob, comme penché au dessus du vide et de la tragédie, retenu, maintenu au bord, tout au bord du vide et de la folie par l’affirmation initiale, omniprésente et omnivore « La Mort n’est jamais comme ». La poésie est vivante qui touche à l’essentiel. Ainsi l’œuvre de Claude Ber, alternance de vers libres et de proses qui s’attachent à forer l’indicible, l’extrême, pour nous faire entendre l’insoutenable condition du vivant par le biais d’une parole arrachée à la tyrannie de la communication (…) Aucun sentimentalisme ne réduit l’approche de l’extrême à la consolation classique ou à l’épanchement romantique (…) Le petit, le minuscule indécis d’exister fait son chemin, taraude le visible, et s’attache à nous faire voir ce qui se dérobe. (…) Mais le deuil et la perte ne sont pas les seuls motifs du livre. La langue chevillée au corps hésite entre le trop et le pas assez pour nous parler de la folie, expérience limite là encore d’où on ne revient pas indemne (…). La troisième partie s’attache s’attache à dépeindre par touches successives un voyage en prose madrilène qui fait figure de voyage de noces associant le monde réel à ses représentations, vélazquez à internet (…) folies et violences quotidiennes véhiculées par les images du monde rejoignent les œuvres peintes du Prado, les bijoux de pacotille vendus au marché pour donner lieu à de rapides dévoilements qui confèrent à la narratrice son statut dans l’ordre du langage : « tant de mots parlent à notre place qu’il ne nous reste que la salive au bord des lèvres comme une sorte de pleurs d’une parole épuisée » (…)Poète engagée dans le développement de nouvelles formes d’écriture et de transmission du poétique, notamment de l’oralité, Claude Ber nous livre une œuvre dense, d’une générosité et d’une sincérité rares, susceptible de réconcilier ceux qui ne voient dans la poésie contemporaine que vaines complexités. Patrick Souchon Ici é Là, revue de la Maison de la Poésie de ST Quentin en Yvelines N° 3 09/05

« Entre les deux pierres levées qui ouvrent et ferment le livre, ce sont 22 « bribes », chacune engageant plusieurs découpes, soit 50 au total, comme autant de poèmes, de restes, de vestiges voisins du fantôme, ce vêtement d’absence, garant d’une présence encore et toujours de la vie dans ses aspects les plus kaléidoscopiques. Ainsi, c’est moins d’émotion (…) que d’émoi dont il s’agit ici, soit « cette émotion dépourvue de sentiments » dont parle Bernard Noël. Emoi qui est le cœur de feu du poème. Cela que la forme en quelque sorte redresse. Et tient. » Alain Freixe, L’Humanité, 21/02/08.

« Soumise à « l’observation minutieuse des glissements », l’écriture de Claude Ber est exploration insatiable des limites. Celles du moi divisé, pris en étau entre désir de dire/désir de taire. Celles du langage et de ses leurres – « Je me tais pour échapper aux icônes ». « Une façon de dire au bout des lettres » qui n’exclut ni les courts-circuits des contradictions ni le rapport glacé à la réalité : « Au bord de la soucoupe le sucre a fondu. Et le café est froid. » Dans une incessante articulation des contraires – « dans le grog chaud, un glaçon d’éternité » –, concret et abstrait pactisent pour faire surgir, derrière l’illusoire pouvoir des mots, ne serait-ce qu’un balbutiement. « Des graffitis sur le plâtre d'un poignet cassé. »

 Derrière la miniaturisation des scènes – sensations et objets – surgit soudain, inattendue, volcanique, tempétueuse, pareille à une vague indomptable, une poésie organique, cosmique, détonante-explosive. Belle de toute la force de l’éros qu’elle recèle et diffuse. En prise fusionnelle avec la « houle originelle » qui sommeille sous la cendre. La mort n’est jamais comme : un hymne puissant à la vie. Célébration. 


Angèle Paoli
 Site Terres de Femmes, septembre 2008
http://terresdefemmes.blogs.com/mon_weblog/2008/09/claude-berfa-ch.html.

« Claude Ber, belle plume et lucidité au delà du commun s’inscrit dans une démarche paradoxale entre apologie du poétique et négation de la poésie.(…) Elle est un des rares Poètes (…) à s’émanciper avec enthousiasme et courage des poncifs et des chapelles. Distinguée par l’envié prix Ivan Goll 2004, La mort n’est jamais comme synthétise les thèses avant-gardistes d’un écrivain désireux d’écrire pour dire. (…). La poésie peut revenir, doit revenir. Claude Ber y contribuera certainement. » T. de B. Art Sud sept-oct 04.

« Un livre de poèmes bouleversants comme peuvent l’être l’amour et la vie (…) Les mots sont là pour dire l’indicible. Pour ouvrir sur l’impossible conjuration de la folie. Pour exorciser ce qui peut encore l’être. On les découvre comme on se souvient de ce que l’on croyait avoir oublié » Hélène Bresciani, Nouvelles Publications nov. 2003

« Livre « du debout », de révolte, de résistance, d’amour (…) Il s’agit bien là d’un livre qui parle d’exil, exil des exclus, exil des reclus, exil des bannis. Entre la folie et la mort nous sommes bercés, charriés, bousculés, hissés, portés à bout de mots par une langue forte et chaleureuse, sans complaisance, sans tricherie. Langue de ceux qui ont pesé au plus juste la douleur d’exister et celle, plus grande encore peut-être, d’accompagner dans la souffrance avant que de ne plus pouvoir parler. Langue de ceux qui ont estimé l’essentiel: l’homme et sa fragilité, mais aussi le lien visible ou invisible qui le relie à l’autre. (…) La poésie, force vive met les hommes debout, met les hommes en marche et les aide à mourir. Puisez donc courage, force, partage, respect, humilité, sérénité dans La mort n’est jamais comme. Ce livre vous portera sur la crête des vagues en un roboratif, généreux, parfois truculent, jamais monotone, et infini voyage. En pionnière, Claude Ber ouvre le chemin, le grand chemin. » Martine Roche, revue Etoiles d’Encre 05.

Le jury du prix international de poésie francophone, décerné par l'Alliance francophone et la Fondation Yvan-et-Claire-Goll, a décerné le prix 2004 à Claude Ber, pour La mort n'est jamais comme (Ed. Via Valeriano-Léo Scheer, Paris). Ce prix, selon le voeu exprimé par Yvan Goll dans son testament, a pour but de récompenser « un poète particulièrement doué ». (…) Il sera remis à la lauréate le 25 juin, à 17 heures, sur le podium du Marché de la poésie, place Saint-Sulpice, à Paris. Le jury est composé d'Arlette Albert-Birot, de Marie-Claire Bancquart, Noëlle Chatelet, Vénus Khoury-Ghata, Anyse Koltz, Werner Lambersy, Jean-Baptiste Para, Jean-Michel Place, Albert Ronsin et Anne-Marie Vidal. Le Figaro, mardi 15 juin 2004, p. 24.

Samedi 7 Septembre 2019
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22/11/2010