BIOBIBLIOGRAPHIE
ALAIN FREIXE
Notice Bio-Bibliographique
Alain Freixe né le 3 décembre 1946, en terres catalanes.
Vit à Nice. Enseigne les Lettres au Lycée Renoir de Cagnes-sur-mer. Chargé de mission « Poésie » à la Délégation à l’Art et à la Culture du rectorat de l’académie de Nice.
Aime à musarder entre philosophie et poésie.
Membre du comité de la revue Friches.
Président de l'Association des Amis de l'Amourier et directeur de publication de la gazette Basilic.
Vice-président, il anime aux côtés d’Yves Ughes, son président, et de Jean-Marie Barnaud, l’association Podio, pour la défense et l’illustration de la poésie à Grasse, qui organise tous les ans, dans le cadre de la Bibliothèque Municipale de Grasse, un cycle de rencontres-conférences Pourquoi des poètes...?
Vice-président du Centre Joë Bousquet et son temps, Maison des mémoires, Carcassonne.
Chronique la poésie au journal L’Humanité.
A publié:
Partage Orphelin, Ed. La Coïncidence, Guy Chambelland, 1981
Ailes, quant à la détourne, Ed La Coïncidence, Guy Chambelland, 1982
Où suffit la lumière, Cahiers Froissart, 1989, (Prix Roger-Lucien Geeraert 1989).
À jour perdu, Collection « Lieu », Encres Vives, 1995
Comme des pas qui s’éloignent, éditions de l’Amourier, printemps 1999 (Prix Louis Guillaume 2000, prix du poème en prose) .
Cahier Robert Rovini, Les Cahiers de l’Amourier, juin 1999
Dix Madames d’été, livre d’artiste avec Jean-Jacques Laurent, éditions StArt, novembre 1999
Ephémère bleu, livre d’artiste avec raphaël Monticelli et Leonardo Rosa, Ed. de L’Amourier, Novembre 1999
Premiers mots, ardoises fines, livre d’artiste avec Martin Miguel, Ed. de L’Amourier, octobre 2000
À l’ange blanc de la distance, livre d’artiste avec gravures de Gérard Serée, printemps 2000
Entre pierres et lumières, éditions La porte, 2000
Caresses de Sorcière, livre d’artiste avec Frédéric Lefeuvre, Les Cahiers du Museur, 2001
Que peut le vent, Monsieur Corot, collection Pandora, L'Entretoise, 2002
Madame qui portez tout, Livre d’artiste avec Jean-Jacques Laurent, éditions St’Art 2002
Dans les mains du vent, Livre d’artiste avec des Gravures de Gérard Serée, 2002
Vérité du nuage, livre d'artiste avec Madeleine Laroque, Les Cahiers du Museur, 2002.
Villes, passages sombres du temps, livre d'artiste avec martin Miguel, 2002
L’écartelée, poème sur photographie de Frédéric Lefeuvre, Les Cahiers du Museur, 2002
Cahier Gaston Puel, Les Cahiers de l’Amourier, 2003
Pas une semaine sans Madame, Ed de l’Amourier, collection D’Aventures, 2003. En collaboration avec Raphaël Monticelli et Jean-Jacques Laurent.
Riveraines 1, 2, 3, 4 en collaboration avec Jean-Pierre Thomas, collection Papillons, 2003
Gagner les hauts, livre d'artiste avec des gravures de Gérard Serée, printemps 2003
À la lointaine, livre-peint d’Anne Slacik, été 2003
Ombres portées, 30 photographies de Jacques Clauzel / 30 poètes contemporains, éditions Tipaza, été 2003
Avant la nuit, éditions de l'Amourier, collection Grammages, 2003, ( Prix Edgar Mélik 2004).
Traces du temps, en collaboration avec Bernard Noël, Raphaël Monticelli et des œuvres de Leonardo Rosa, Ed. de l’Amourier.2003
12 échos à Madame + 1, livre d'artiste avec Jean-Jacques Laurent, Les Cahiers du Museur, automne 2003
Kouros, livre d’artiste avec Leonardo Rosa, Les Cahiers du Museur, 2004
Main-Torrent, livre d’artiste en collaboration avec Daniel Mohen, collection L’Eventail
Villes, passages sombres du temps précédé de Sur le sombre, éditions La Porte, 2004
Tu es la vigne, en collaboration avec Jean-Marie Barnaud et Yves Ughes sur trois photographies de Frédéric Lefeuvre, Les Cahiers du Museur. 2005
Relevés, Mano a Mano 1, en collaboration avec Daniel Mohen, Les Cahiers du Museur, 2005
Arbre et neige, l’hiver, en collaboration avec Anne Slacik, Les Cahiers du Museur, 2005
Le silence, livre-objet manuscrit sur les feuilles de terre de Marie José Armando, 2005
Le jardin de l’éditeur, L’Amourier, 2005, ouvrage collectif : 72 auteurs donnent la réplique à 24 photographies de Jean Princivalle
Rappelez-vous, écrit à deux mains avec Yves Ughes, préface de Raphaël Monticelli, éditions La Porte, 2006
Derniers restes, Livre unique avec Martin Miguel, emboîtage en céramique d’Yvan Koenig, Février 2006
À mes amis peintres, avec des travaux de Max Charvolen, Jean-Jacques Laurent, Martin Miguel, Raphaël Monticelli, Leonardo Rosa, Gérard Serée ; Ed Les Cahiers du Museur, printemps 2006
Dire Non, livre d’artiste avec Martin Miguel, Les Cahiers du Museur, collection À côté, 2006
Et ce n’est rien la pluie, livre d’artiste avec Yves Picquet, éditions La double cloche, avril 2006.
Deux Madames de ville et d’eau, livre d’artiste en collaboration avec Raphaël Monticelli, proposition plastique de Frédérique Nalbandian, mars 2006
Comme on tombe amoureux, avec des peintures de Maria Desmée, collection « à la main », éditions l’attentive, printemps 2006.
Temps disjoint, livre d’artiste en collaboration avec Martin Miguel, 33 exemplaires, automne 2006.
Pour une théorie de l’émergence, avec une gravure de Jacques Clauzel, aux éditions À travers, 2006
A la bonne ombre, traduction de Moussia Barnaud, avec deux œuvres de Gino Gini, edizioni Laboratorio 66, Archivio Libri d’Artista, Milano, 2006
Aux yeux de qui nous aime, peintures originales de Fernanda Fedi, edizioni Laboratorio 66, Archivio Libri d’Artista, Milano, 2006
Vol de temps, Mano a Mano hors-série, en collaboration avec Martine Moreau, Les Cahiers du Museur, exemplaire unique
(…) tombe, tombé, livre d’artiste avec des dessins de Joël Frémiot, Poiein, février 2007
Le parti des libellules, tiré à part de la revue Esquisse, mars/avril 2007
Accompagner ce qui s’en va, livre d’artiste sur une proposition de Youl, 3 exemplaires, avril 2007
Personne ne vit, livre d’artiste avec dessin et taches de Joël Frémiot à 8 exemplaires, Poieïn, mai 2007
À partir du soleil ; livre d’artiste sur une proposition de Youl, 3 exemplaires, juillet 2007
La folle noire, livre d’artiste sur une proposition de Youl, 3 exemplaires, juillet 2007
Si peu, peut-être, placard de Youl à 3 exemplaires, août 2007
Comme un chant évanoui, placard de Youl à 3 exemplaires, août 2007
À paraître :
La suspendue, avec 2 accompagnements plastiques de Max Charvolen, éditions Le temps volé, 2006
Echappées réfractaires, avec 2 accompagnements plastiques de Martin Miguel, éditions Le temps volé, 2007
Le silence n’est pas le silence, livre à triple détente avec Martine Moreau, peintre et Frédéric Lefeuvre, photographe, Les Cahiers du Museur
Pour voir venir la nuit, avec des peintures de Bernadette Griot, collection « à la main », moyen format, éditions l’attentive
Ombre et mur sous le ciel, avec des photographies de François Fernandez, Les cahiers du Museur
Dans les ramas, collection Grammages, éditions de l’Amourier, 2007
En-tête, livre d’artiste sur une proposition plastique de Martin Miguel avec des textes de Michel Butor, Raphaël Monticelli et Yves Ughes
Merle noir, avec des interventions de Fernanda Fedi, Italie, 2007
Trois rebords, sept lancers +1, à propos de l’abécédaire de Gino Gini.
Sehsat, à propos du travail de Fernanda Fedi
Galets, pierres sans chemin, avec des peintures de Daniel Mohen, Les Cahiers du Museur
Publie poèmes, articles et notes de lecture dans les revues La Sape, Friches, Les Cahiers de l’Archipel, Lieux d’ëtre, Jalons, Arpa, Europe, Le Nouveau Recueil, Triages, Coup de soleil, Trames, Autre Sud, Nu(e), La Polygraphe, etc...
Est présent sur La Toile principalement sur son blog lapoesieetsesentours.bogspirit.com et sur les sites amourier.com ; remue.net ; francopolis.net
Cf aussi BLOG: http://lapoesieetsesentours.blogspirit.com/
Alain Freixe né le 3 décembre 1946, en terres catalanes.
Vit à Nice. Enseigne les Lettres au Lycée Renoir de Cagnes-sur-mer. Chargé de mission « Poésie » à la Délégation à l’Art et à la Culture du rectorat de l’académie de Nice.
Aime à musarder entre philosophie et poésie.
Membre du comité de la revue Friches.
Président de l'Association des Amis de l'Amourier et directeur de publication de la gazette Basilic.
Vice-président, il anime aux côtés d’Yves Ughes, son président, et de Jean-Marie Barnaud, l’association Podio, pour la défense et l’illustration de la poésie à Grasse, qui organise tous les ans, dans le cadre de la Bibliothèque Municipale de Grasse, un cycle de rencontres-conférences Pourquoi des poètes...?
Vice-président du Centre Joë Bousquet et son temps, Maison des mémoires, Carcassonne.
Chronique la poésie au journal L’Humanité.
A publié:
Partage Orphelin, Ed. La Coïncidence, Guy Chambelland, 1981
Ailes, quant à la détourne, Ed La Coïncidence, Guy Chambelland, 1982
Où suffit la lumière, Cahiers Froissart, 1989, (Prix Roger-Lucien Geeraert 1989).
À jour perdu, Collection « Lieu », Encres Vives, 1995
Comme des pas qui s’éloignent, éditions de l’Amourier, printemps 1999 (Prix Louis Guillaume 2000, prix du poème en prose) .
Cahier Robert Rovini, Les Cahiers de l’Amourier, juin 1999
Dix Madames d’été, livre d’artiste avec Jean-Jacques Laurent, éditions StArt, novembre 1999
Ephémère bleu, livre d’artiste avec raphaël Monticelli et Leonardo Rosa, Ed. de L’Amourier, Novembre 1999
Premiers mots, ardoises fines, livre d’artiste avec Martin Miguel, Ed. de L’Amourier, octobre 2000
À l’ange blanc de la distance, livre d’artiste avec gravures de Gérard Serée, printemps 2000
Entre pierres et lumières, éditions La porte, 2000
Caresses de Sorcière, livre d’artiste avec Frédéric Lefeuvre, Les Cahiers du Museur, 2001
Que peut le vent, Monsieur Corot, collection Pandora, L'Entretoise, 2002
Madame qui portez tout, Livre d’artiste avec Jean-Jacques Laurent, éditions St’Art 2002
Dans les mains du vent, Livre d’artiste avec des Gravures de Gérard Serée, 2002
Vérité du nuage, livre d'artiste avec Madeleine Laroque, Les Cahiers du Museur, 2002.
Villes, passages sombres du temps, livre d'artiste avec martin Miguel, 2002
L’écartelée, poème sur photographie de Frédéric Lefeuvre, Les Cahiers du Museur, 2002
Cahier Gaston Puel, Les Cahiers de l’Amourier, 2003
Pas une semaine sans Madame, Ed de l’Amourier, collection D’Aventures, 2003. En collaboration avec Raphaël Monticelli et Jean-Jacques Laurent.
Riveraines 1, 2, 3, 4 en collaboration avec Jean-Pierre Thomas, collection Papillons, 2003
Gagner les hauts, livre d'artiste avec des gravures de Gérard Serée, printemps 2003
À la lointaine, livre-peint d’Anne Slacik, été 2003
Ombres portées, 30 photographies de Jacques Clauzel / 30 poètes contemporains, éditions Tipaza, été 2003
Avant la nuit, éditions de l'Amourier, collection Grammages, 2003, ( Prix Edgar Mélik 2004).
Traces du temps, en collaboration avec Bernard Noël, Raphaël Monticelli et des œuvres de Leonardo Rosa, Ed. de l’Amourier.2003
12 échos à Madame + 1, livre d'artiste avec Jean-Jacques Laurent, Les Cahiers du Museur, automne 2003
Kouros, livre d’artiste avec Leonardo Rosa, Les Cahiers du Museur, 2004
Main-Torrent, livre d’artiste en collaboration avec Daniel Mohen, collection L’Eventail
Villes, passages sombres du temps précédé de Sur le sombre, éditions La Porte, 2004
Tu es la vigne, en collaboration avec Jean-Marie Barnaud et Yves Ughes sur trois photographies de Frédéric Lefeuvre, Les Cahiers du Museur. 2005
Relevés, Mano a Mano 1, en collaboration avec Daniel Mohen, Les Cahiers du Museur, 2005
Arbre et neige, l’hiver, en collaboration avec Anne Slacik, Les Cahiers du Museur, 2005
Le silence, livre-objet manuscrit sur les feuilles de terre de Marie José Armando, 2005
Le jardin de l’éditeur, L’Amourier, 2005, ouvrage collectif : 72 auteurs donnent la réplique à 24 photographies de Jean Princivalle
Rappelez-vous, écrit à deux mains avec Yves Ughes, préface de Raphaël Monticelli, éditions La Porte, 2006
Derniers restes, Livre unique avec Martin Miguel, emboîtage en céramique d’Yvan Koenig, Février 2006
À mes amis peintres, avec des travaux de Max Charvolen, Jean-Jacques Laurent, Martin Miguel, Raphaël Monticelli, Leonardo Rosa, Gérard Serée ; Ed Les Cahiers du Museur, printemps 2006
Dire Non, livre d’artiste avec Martin Miguel, Les Cahiers du Museur, collection À côté, 2006
Et ce n’est rien la pluie, livre d’artiste avec Yves Picquet, éditions La double cloche, avril 2006.
Deux Madames de ville et d’eau, livre d’artiste en collaboration avec Raphaël Monticelli, proposition plastique de Frédérique Nalbandian, mars 2006
Comme on tombe amoureux, avec des peintures de Maria Desmée, collection « à la main », éditions l’attentive, printemps 2006.
Temps disjoint, livre d’artiste en collaboration avec Martin Miguel, 33 exemplaires, automne 2006.
Pour une théorie de l’émergence, avec une gravure de Jacques Clauzel, aux éditions À travers, 2006
A la bonne ombre, traduction de Moussia Barnaud, avec deux œuvres de Gino Gini, edizioni Laboratorio 66, Archivio Libri d’Artista, Milano, 2006
Aux yeux de qui nous aime, peintures originales de Fernanda Fedi, edizioni Laboratorio 66, Archivio Libri d’Artista, Milano, 2006
Vol de temps, Mano a Mano hors-série, en collaboration avec Martine Moreau, Les Cahiers du Museur, exemplaire unique
(…) tombe, tombé, livre d’artiste avec des dessins de Joël Frémiot, Poiein, février 2007
Le parti des libellules, tiré à part de la revue Esquisse, mars/avril 2007
Accompagner ce qui s’en va, livre d’artiste sur une proposition de Youl, 3 exemplaires, avril 2007
Personne ne vit, livre d’artiste avec dessin et taches de Joël Frémiot à 8 exemplaires, Poieïn, mai 2007
À partir du soleil ; livre d’artiste sur une proposition de Youl, 3 exemplaires, juillet 2007
La folle noire, livre d’artiste sur une proposition de Youl, 3 exemplaires, juillet 2007
Si peu, peut-être, placard de Youl à 3 exemplaires, août 2007
Comme un chant évanoui, placard de Youl à 3 exemplaires, août 2007
À paraître :
La suspendue, avec 2 accompagnements plastiques de Max Charvolen, éditions Le temps volé, 2006
Echappées réfractaires, avec 2 accompagnements plastiques de Martin Miguel, éditions Le temps volé, 2007
Le silence n’est pas le silence, livre à triple détente avec Martine Moreau, peintre et Frédéric Lefeuvre, photographe, Les Cahiers du Museur
Pour voir venir la nuit, avec des peintures de Bernadette Griot, collection « à la main », moyen format, éditions l’attentive
Ombre et mur sous le ciel, avec des photographies de François Fernandez, Les cahiers du Museur
Dans les ramas, collection Grammages, éditions de l’Amourier, 2007
En-tête, livre d’artiste sur une proposition plastique de Martin Miguel avec des textes de Michel Butor, Raphaël Monticelli et Yves Ughes
Merle noir, avec des interventions de Fernanda Fedi, Italie, 2007
Trois rebords, sept lancers +1, à propos de l’abécédaire de Gino Gini.
Sehsat, à propos du travail de Fernanda Fedi
Galets, pierres sans chemin, avec des peintures de Daniel Mohen, Les Cahiers du Museur
Publie poèmes, articles et notes de lecture dans les revues La Sape, Friches, Les Cahiers de l’Archipel, Lieux d’ëtre, Jalons, Arpa, Europe, Le Nouveau Recueil, Triages, Coup de soleil, Trames, Autre Sud, Nu(e), La Polygraphe, etc...
Est présent sur La Toile principalement sur son blog lapoesieetsesentours.bogspirit.com et sur les sites amourier.com ; remue.net ; francopolis.net
Cf aussi BLOG: http://lapoesieetsesentours.blogspirit.com/
EXTRAITS
À propos de DANS LES RAMAS
On va DANS LES RAMAS à travers les figurants principaux des poèmes d’Alain Freixe, déjà rencontrés dans COMME DES PAS QUI S’ELOIGNENT et AVANT LA NUIT publiés l’un en 1999Prix Louis Guillaume 2000 -, l’autre en 2003 ceux qui donnent visage à cette poésie qui flotte ici ou là de par le monde : pierre, arbre, vent, silence et ce bleu qui revient dans les trouées comme l’ombre d’un ciel s’écrire noir sur noir.
DANS LES RAMAS repose sur un aller-retour incessant entre exposition et retrait, entre repaires montagnards et bascules des villes, solitude et histoire. Là où tout est muet – le plus souvent en bordure d’un monde mouvant, imprévisible et dangereux comme le nôtre – établir le silence est affaire de ce bleu d’éclipse qui tel un défroissé d’âme qui passe traverse cette fine terre du poème feuilletée d’air et de lumière, parole qui se risque à dire son mot sur les horreurs, outrances, zones d’ombre où se noie toute réalité. Parole qui entend prendre le silence sous sa sauvegarde, celui qui crée un écart qui garde suspendu à sa source l’élan du sens, « voix de demain. Et qui déjà appelle à la relève ».`
DANS LES RAMAS mêle à ces compositions bloc de prose sur bloc de prose que l’on trouvait dans les deux livres précédents, des poèmes/poèmes quand ce n’est pas à l’intérieur d’un même texte que jouent ces écritures. Importe le lien rythmique qui fait tenir en un ensemble ouvert et mobile les pièces ici rassemblées.
On a risqué le mot « ramas » pour aller contre le sens péjoratif qui s’attache aujourd’hui à l’idée de « ramassis », amas informe, tas et pour valoriser au contraire l’idée d’ajustement qui préside à cet art de confectionner ces fagots de bois tombé à partir des brisées abandonnées au sol par les bêtes de la nuit en leurs passées et qu’on laisse en forêt au pied de quelques arbres. Ce sont ces ramas qui permettent de démarrer tous les feux. Ceux tournant des livres aussi.
On a risqué le mot « ramas » pour faire signe vers ce bois partageable qui attend en nos forêts et sur lequel aucun pouvoir n’a de prise.
Ici donc quatre ramas, passeurs de feu, de silence, de sens. Qu’un vent tisonnier avive.
AF
Extraits de Dans les ramas, collection Grammages, éditions de l’Amourier, 19 euros, parution pour les 5/6/7 octobre, lors du festival du livre de Mouans-Sartoux
Premier texte
Gagner les hauts
1
Il gèle à pierre fendre sur les os du crâne. Contre le rien de la lune et la lucidité que le givre accorde aux lueurs, je ferme les yeux.
Tout commence derrière le cri d'un oiseau de passage, bousculé par le vent. Les images du jour se pressent. Se fixent. Comme si le sel qui les brûle collait irrémédiablement leurs entours de part et d'autre de mon regard. Les rouges et les noirs autour de sa part mortelle. Avant le ravin. Son éboulis rauque échappé des mâchoires du ciel.
2
Depuis le mur. Depuis ces mots. Seuls des silences nous reviennent. En bandeaux traînant crépi et salpêtre. Et dans le bégaiement des paupières le feu n'arrive plus à prendre. C'est comme si nous n'avions pas parlé
Sauf ce souffle peut-être. Ce rien de clarté qui court après des yeux. Cela qui s'abandonne à l'air. Echappe. S'évanouit, entre les gouttes de sueur et les grandes orgues des nuages. D ‘après vent.
3
Cela qui suffit. Ce peu qui s'entête à gagner les hauts. Au-dessus du village. À risquer ses pas aussi incertains que la première fois sur le pierrier. Après la dernière pommeraie. Quand c'est le jaune qui gagne. Sur l'air. Quand la lumière monte. À distance du ciel. Et que la journée ne prend confidence que de soi.
4
Dans le rouge de l’été, monter jusqu’au plus noir de la tour.
Et sur les pierres prendre langue.
Perdre pied dans la parole.
S'écorcher coudes et genoux.
S'agripper aux arêtes. À ce qui reste de faille et d'aigu.
Et malgré les schistes qui s’éboulent , tirer plus haut. Avec l'obstination du lichen, se hisser jusqu'à la nuit qui fait falaise vive aux grèves du jour.
5
L'attendre.
La voir s'installer en bordure de lèvres quand c'est la poitrine qui traduit l'air et que le silence plonge jusqu'aux nerfs. Ce peu d'air que la chaleur consent au pays. À ses ruines. Et c'est sac et ressac dans la bouche. Salive de plus en plus rare. Comme un rai de lumière dans un froid de clairière surprise.
6
Et dans ma gorge, la frontière recule. Jusqu'au silence. Quelque chose comme l'ombre d'un ciel qui passe. Quelque chose comme un fruit mûr. Quelque chose de rouge. Avant sa tombée dans le noir. Sa disparition sur le mur d'en face. Où mes yeux continuent à cogner. En bout de tête. En tarentelle.
7
Résigné à rien, j'en appellerais bien aux oiseaux dans la pierre qui s'effrite. Aucun pourtant ne m'accompagne. Dans les poussières. Sous les cistes noirs.
8
Un coin de ciel traverse l’œil. Le déchire. Reste là. Planté. Sur ses pointes, à danser.
Alentour de grands trous d’air résonnent de toutes les brumes des nuages qui s’empierrent.
Le tête à tête dénude mes dernières forces.
Se fendre d’une enjambée. Inventée. D’une reprise de souffle. À la volée.
Et d’un plissement d’œil, basculer le rocher.
9
Le dernier coup de rein me propulse dans le ciel. Où c'est enfin le vent qui triomphe. Cette ruée de bleu, ma récompense, est toujours pour moi l'oubliette aérienne de la première fois. La barre rouge du monde. Le tampon noir du rêve. À ma chair qui mendiait sous les nuages des froissements d'ailes. Ma levée d'écrou. Ma bohémienne.
10
Entre mes yeux et mon regard flottait celle de tous les voyages. La toujours déjà sur le point de partir. Comme cette ombre rouge qui s’effaçait du pas de porte tandis que quelqu’un criait au plus noir de la maison.
11
C’est fini. Presque.
Je reprends souffle moins dans l’amitié du ciel que dans celle du vent. Sa déchirure d’écart. Ce bord à bord de toutes les énergies. Ce suspens de l’enrouement où je reconnais ma voix. Son filet d’eau s’arrachant d’entre les pierres soustrait pour peu de temps aux gorges de sa nuit.
Deuxième texte :
Arbres et neiges, l'hiver
1
Coulées de neige,
aiguilles, tête et croix pris dans le vent gris de la neige. Sous le coup, l'écart se perd. Contre la vitre, ça tombe. Eclats de neige. Barres d'ombre. Déchirements
On lance ses yeux. La neige tombe, tourne et remonte. Parfois du tourbillon naît un oiseau. Entre deux branches. Deux verts. Dans le blanc. Sa flèche creuse l'air dans les arbres disparus. Le ciel se reforme. Se ferme vite. On n'ira pas plus loin.
Plus de place. Déjà, d'autres flocons accourent. Raclent les arbres. Nous tirent dans l'oblique de leur chute. Dans la poudre de leurs rayures tandis que point le jour.
`
2
Les arbres,
leur ligne sombre rompt la neige d'avec le ciel. Tout se tient. Pourtant. Effet de bande noire contre le blanc. Ligne frontière. Le bleu reste au loin. Deviné. Plus que vu.
Les mélèzes rapportent l'un à l'autre deux froids. Ils bousculent le vent. C'est bien au-dessus d'eux que passent les brumes. Avec les corbeaux. Bandes sur bandes. Le vert des épicéas ne protège de rien.
L'air semble solide. Epars. Rugueux. Sous les arbres. Le vent est nul.
3
Le froid,
je l'ai revu dans les terres blanches. Rondes de neige tombée. De silence amassé. De lumière décolorée. J’ai peur. C’est la fatigue. Alors je reste près des arbres. Sous le ciel blanc. J'attends que passe les mots qui dans la bouche tordent la gorge sur soi. Desserrent la trachée. La lavent. Et roulent jusqu’aux dents. S’amassent sous la langue.
Plus tard, on toussera. On crachera même quelques traces, histoire d'éclaircir le cœur à ces blessures.
Et dans notre pas glissé s'inventera la route. Entre blocs de neige glacée, racines arrachées et herbes déjà à la reverdie. Exposés à l'air. À son haleine raide. Où toujours les matins trouvent à sourire. Et nous de quoi tenir jusqu’au soir.
Troisième texte
À la fiancée du vent
Et ce n’était rien la pluie.
Sinon la touche du vent, la cillée des nuages, les mains aux nœuds défaits, légères à pétrir le ciel de leurs doigts de fontaine.
Rien sinon ce qui échappe. Et s’abandonne à l’air.
Rien sinon ma danseuse d’automne.
Suspendue. Flottante.
En devenir dans le tourbillon de son âme déchirée.
Rien sinon votre chair qu’aucun mot n’habille. Votre feu qu’aucun regard n’éteint. Votre sang et vos larmes qu’aucune bouche jamais ne parviendra à sécher.
Ma danseuse, tout feu, tout flammes. Cœur au ciel et pieds légers, c’est toute la terre qui s’élève dans le chant rauque du bois. Dans les fibres qui se dénouent. Et tournent.
Dans la nuit, j’irai voler les derniers muscats noirs. Je presserai leur chagrin. Et longtemps après m’enivrerai de leur vin de lune. Ce sera pour vous rejoindre, ma fiancée du vent.
Et, ange, oublier ce qui blanchit mes nuits.
Quatrième texte :
Dire non
non
c’est la voix première
farouche
devant cette pluie
qui glace le monde
puis l’autre
celle de la cambrure
de qui se tient
mains chaudes
sur le vide
le ciel ne connaît pas
sa couleur d’orage
ni l’homme
son ombre
que déchiquette le champ
aux pousses rases
comme l’angle du mur
de l’impasse
où il chancelle
non
ce vent souterrain
aux souffles retenus
non
ce chemin encore
où sous les mains
s’animent les grains
gémissent les pollens
fusent leurs chutes vives
non
cette levée d’inconnu
où la suspendue
prend visage
où la flottante
arrache les présents
au point mort du silence
ce bruit du monde
où brûlent les mots
des hommes
non
encore et toujours
pour que respire
dans les fièvres de la parole
insurgé
le cœur.
Cinquième texte
LUMIERES D’APRES NEIGE
1
Il neige.
L’air est blanc. La vitre est aux buées. Et j’ai le front brouillé de noir et de rouge.
Je regarde tomber la neige
De calmes voitures noires filent dans la nuit. À la frontière Là où la mort fait sentinelle.
C’est dans mes yeux ces échardes. Ces images. Ce lit de pierres dans la montagne. Cette valise éventrée. Et ces papiers. Ces cahiers comme un feu froid dont les cendres glissent sur la nuit. Ce ciel raccourci sous le fouet de la lune.
2
Je pense aux pierres. À leur absence de forme sous la neige. Malgré le vent.
Je pense à ce cri perdu répercuté dans le vide de la combe. À tous ces cris suspendus aux épines des villes. Laines de misère sans oiseaux.
Je pense à cette chance : avoir en soi un déchirement possible. Pour que s’y amasse la neige qui tombe. Et qu’on puisse y entendre le cri des pierres, des mélèzes et du froid.
Celui des hommes. Si près, finalement. Et qui agonisent sous tous les pals du monde.
Je pense aux ombres dont les habillent les sans-regard. À leur façon de prendre pied dans la mémoire. À cette violence du silence quand il leur sert de mur. Et de poteau.
3
Je pense aux mots des poètes. À leurs écrits traversiers. Impair, passe et manque. Passereaux de printemps hors saison.
Je pense à demain. Quand ça claquera dans la montagne comme en nous sous les coups du dégel. Et que couleront toujours jeunes les eaux vives du jour.
On va DANS LES RAMAS à travers les figurants principaux des poèmes d’Alain Freixe, déjà rencontrés dans COMME DES PAS QUI S’ELOIGNENT et AVANT LA NUIT publiés l’un en 1999Prix Louis Guillaume 2000 -, l’autre en 2003 ceux qui donnent visage à cette poésie qui flotte ici ou là de par le monde : pierre, arbre, vent, silence et ce bleu qui revient dans les trouées comme l’ombre d’un ciel s’écrire noir sur noir.
DANS LES RAMAS repose sur un aller-retour incessant entre exposition et retrait, entre repaires montagnards et bascules des villes, solitude et histoire. Là où tout est muet – le plus souvent en bordure d’un monde mouvant, imprévisible et dangereux comme le nôtre – établir le silence est affaire de ce bleu d’éclipse qui tel un défroissé d’âme qui passe traverse cette fine terre du poème feuilletée d’air et de lumière, parole qui se risque à dire son mot sur les horreurs, outrances, zones d’ombre où se noie toute réalité. Parole qui entend prendre le silence sous sa sauvegarde, celui qui crée un écart qui garde suspendu à sa source l’élan du sens, « voix de demain. Et qui déjà appelle à la relève ».`
DANS LES RAMAS mêle à ces compositions bloc de prose sur bloc de prose que l’on trouvait dans les deux livres précédents, des poèmes/poèmes quand ce n’est pas à l’intérieur d’un même texte que jouent ces écritures. Importe le lien rythmique qui fait tenir en un ensemble ouvert et mobile les pièces ici rassemblées.
On a risqué le mot « ramas » pour aller contre le sens péjoratif qui s’attache aujourd’hui à l’idée de « ramassis », amas informe, tas et pour valoriser au contraire l’idée d’ajustement qui préside à cet art de confectionner ces fagots de bois tombé à partir des brisées abandonnées au sol par les bêtes de la nuit en leurs passées et qu’on laisse en forêt au pied de quelques arbres. Ce sont ces ramas qui permettent de démarrer tous les feux. Ceux tournant des livres aussi.
On a risqué le mot « ramas » pour faire signe vers ce bois partageable qui attend en nos forêts et sur lequel aucun pouvoir n’a de prise.
Ici donc quatre ramas, passeurs de feu, de silence, de sens. Qu’un vent tisonnier avive.
AF
Extraits de Dans les ramas, collection Grammages, éditions de l’Amourier, 19 euros, parution pour les 5/6/7 octobre, lors du festival du livre de Mouans-Sartoux
Premier texte
Gagner les hauts
1
Il gèle à pierre fendre sur les os du crâne. Contre le rien de la lune et la lucidité que le givre accorde aux lueurs, je ferme les yeux.
Tout commence derrière le cri d'un oiseau de passage, bousculé par le vent. Les images du jour se pressent. Se fixent. Comme si le sel qui les brûle collait irrémédiablement leurs entours de part et d'autre de mon regard. Les rouges et les noirs autour de sa part mortelle. Avant le ravin. Son éboulis rauque échappé des mâchoires du ciel.
2
Depuis le mur. Depuis ces mots. Seuls des silences nous reviennent. En bandeaux traînant crépi et salpêtre. Et dans le bégaiement des paupières le feu n'arrive plus à prendre. C'est comme si nous n'avions pas parlé
Sauf ce souffle peut-être. Ce rien de clarté qui court après des yeux. Cela qui s'abandonne à l'air. Echappe. S'évanouit, entre les gouttes de sueur et les grandes orgues des nuages. D ‘après vent.
3
Cela qui suffit. Ce peu qui s'entête à gagner les hauts. Au-dessus du village. À risquer ses pas aussi incertains que la première fois sur le pierrier. Après la dernière pommeraie. Quand c'est le jaune qui gagne. Sur l'air. Quand la lumière monte. À distance du ciel. Et que la journée ne prend confidence que de soi.
4
Dans le rouge de l’été, monter jusqu’au plus noir de la tour.
Et sur les pierres prendre langue.
Perdre pied dans la parole.
S'écorcher coudes et genoux.
S'agripper aux arêtes. À ce qui reste de faille et d'aigu.
Et malgré les schistes qui s’éboulent , tirer plus haut. Avec l'obstination du lichen, se hisser jusqu'à la nuit qui fait falaise vive aux grèves du jour.
5
L'attendre.
La voir s'installer en bordure de lèvres quand c'est la poitrine qui traduit l'air et que le silence plonge jusqu'aux nerfs. Ce peu d'air que la chaleur consent au pays. À ses ruines. Et c'est sac et ressac dans la bouche. Salive de plus en plus rare. Comme un rai de lumière dans un froid de clairière surprise.
6
Et dans ma gorge, la frontière recule. Jusqu'au silence. Quelque chose comme l'ombre d'un ciel qui passe. Quelque chose comme un fruit mûr. Quelque chose de rouge. Avant sa tombée dans le noir. Sa disparition sur le mur d'en face. Où mes yeux continuent à cogner. En bout de tête. En tarentelle.
7
Résigné à rien, j'en appellerais bien aux oiseaux dans la pierre qui s'effrite. Aucun pourtant ne m'accompagne. Dans les poussières. Sous les cistes noirs.
8
Un coin de ciel traverse l’œil. Le déchire. Reste là. Planté. Sur ses pointes, à danser.
Alentour de grands trous d’air résonnent de toutes les brumes des nuages qui s’empierrent.
Le tête à tête dénude mes dernières forces.
Se fendre d’une enjambée. Inventée. D’une reprise de souffle. À la volée.
Et d’un plissement d’œil, basculer le rocher.
9
Le dernier coup de rein me propulse dans le ciel. Où c'est enfin le vent qui triomphe. Cette ruée de bleu, ma récompense, est toujours pour moi l'oubliette aérienne de la première fois. La barre rouge du monde. Le tampon noir du rêve. À ma chair qui mendiait sous les nuages des froissements d'ailes. Ma levée d'écrou. Ma bohémienne.
10
Entre mes yeux et mon regard flottait celle de tous les voyages. La toujours déjà sur le point de partir. Comme cette ombre rouge qui s’effaçait du pas de porte tandis que quelqu’un criait au plus noir de la maison.
11
C’est fini. Presque.
Je reprends souffle moins dans l’amitié du ciel que dans celle du vent. Sa déchirure d’écart. Ce bord à bord de toutes les énergies. Ce suspens de l’enrouement où je reconnais ma voix. Son filet d’eau s’arrachant d’entre les pierres soustrait pour peu de temps aux gorges de sa nuit.
Deuxième texte :
Arbres et neiges, l'hiver
1
Coulées de neige,
aiguilles, tête et croix pris dans le vent gris de la neige. Sous le coup, l'écart se perd. Contre la vitre, ça tombe. Eclats de neige. Barres d'ombre. Déchirements
On lance ses yeux. La neige tombe, tourne et remonte. Parfois du tourbillon naît un oiseau. Entre deux branches. Deux verts. Dans le blanc. Sa flèche creuse l'air dans les arbres disparus. Le ciel se reforme. Se ferme vite. On n'ira pas plus loin.
Plus de place. Déjà, d'autres flocons accourent. Raclent les arbres. Nous tirent dans l'oblique de leur chute. Dans la poudre de leurs rayures tandis que point le jour.
`
2
Les arbres,
leur ligne sombre rompt la neige d'avec le ciel. Tout se tient. Pourtant. Effet de bande noire contre le blanc. Ligne frontière. Le bleu reste au loin. Deviné. Plus que vu.
Les mélèzes rapportent l'un à l'autre deux froids. Ils bousculent le vent. C'est bien au-dessus d'eux que passent les brumes. Avec les corbeaux. Bandes sur bandes. Le vert des épicéas ne protège de rien.
L'air semble solide. Epars. Rugueux. Sous les arbres. Le vent est nul.
3
Le froid,
je l'ai revu dans les terres blanches. Rondes de neige tombée. De silence amassé. De lumière décolorée. J’ai peur. C’est la fatigue. Alors je reste près des arbres. Sous le ciel blanc. J'attends que passe les mots qui dans la bouche tordent la gorge sur soi. Desserrent la trachée. La lavent. Et roulent jusqu’aux dents. S’amassent sous la langue.
Plus tard, on toussera. On crachera même quelques traces, histoire d'éclaircir le cœur à ces blessures.
Et dans notre pas glissé s'inventera la route. Entre blocs de neige glacée, racines arrachées et herbes déjà à la reverdie. Exposés à l'air. À son haleine raide. Où toujours les matins trouvent à sourire. Et nous de quoi tenir jusqu’au soir.
Troisième texte
À la fiancée du vent
Et ce n’était rien la pluie.
Sinon la touche du vent, la cillée des nuages, les mains aux nœuds défaits, légères à pétrir le ciel de leurs doigts de fontaine.
Rien sinon ce qui échappe. Et s’abandonne à l’air.
Rien sinon ma danseuse d’automne.
Suspendue. Flottante.
En devenir dans le tourbillon de son âme déchirée.
Rien sinon votre chair qu’aucun mot n’habille. Votre feu qu’aucun regard n’éteint. Votre sang et vos larmes qu’aucune bouche jamais ne parviendra à sécher.
Ma danseuse, tout feu, tout flammes. Cœur au ciel et pieds légers, c’est toute la terre qui s’élève dans le chant rauque du bois. Dans les fibres qui se dénouent. Et tournent.
Dans la nuit, j’irai voler les derniers muscats noirs. Je presserai leur chagrin. Et longtemps après m’enivrerai de leur vin de lune. Ce sera pour vous rejoindre, ma fiancée du vent.
Et, ange, oublier ce qui blanchit mes nuits.
Quatrième texte :
Dire non
non
c’est la voix première
farouche
devant cette pluie
qui glace le monde
puis l’autre
celle de la cambrure
de qui se tient
mains chaudes
sur le vide
le ciel ne connaît pas
sa couleur d’orage
ni l’homme
son ombre
que déchiquette le champ
aux pousses rases
comme l’angle du mur
de l’impasse
où il chancelle
non
ce vent souterrain
aux souffles retenus
non
ce chemin encore
où sous les mains
s’animent les grains
gémissent les pollens
fusent leurs chutes vives
non
cette levée d’inconnu
où la suspendue
prend visage
où la flottante
arrache les présents
au point mort du silence
ce bruit du monde
où brûlent les mots
des hommes
non
encore et toujours
pour que respire
dans les fièvres de la parole
insurgé
le cœur.
Cinquième texte
LUMIERES D’APRES NEIGE
1
Il neige.
L’air est blanc. La vitre est aux buées. Et j’ai le front brouillé de noir et de rouge.
Je regarde tomber la neige
De calmes voitures noires filent dans la nuit. À la frontière Là où la mort fait sentinelle.
C’est dans mes yeux ces échardes. Ces images. Ce lit de pierres dans la montagne. Cette valise éventrée. Et ces papiers. Ces cahiers comme un feu froid dont les cendres glissent sur la nuit. Ce ciel raccourci sous le fouet de la lune.
2
Je pense aux pierres. À leur absence de forme sous la neige. Malgré le vent.
Je pense à ce cri perdu répercuté dans le vide de la combe. À tous ces cris suspendus aux épines des villes. Laines de misère sans oiseaux.
Je pense à cette chance : avoir en soi un déchirement possible. Pour que s’y amasse la neige qui tombe. Et qu’on puisse y entendre le cri des pierres, des mélèzes et du froid.
Celui des hommes. Si près, finalement. Et qui agonisent sous tous les pals du monde.
Je pense aux ombres dont les habillent les sans-regard. À leur façon de prendre pied dans la mémoire. À cette violence du silence quand il leur sert de mur. Et de poteau.
3
Je pense aux mots des poètes. À leurs écrits traversiers. Impair, passe et manque. Passereaux de printemps hors saison.
Je pense à demain. Quand ça claquera dans la montagne comme en nous sous les coups du dégel. Et que couleront toujours jeunes les eaux vives du jour.