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09/02/2011



L'invité du mois

Michel THION



BIOBIBLIOGRAPHIE

Michel THION
Michel Thion est né en 1947. Il vit à Lyon.
Autodidacte, il exerce de nombreuses activités, parallèlement étudiant en philosophie et en linguistique, avant de rencontrer à 33 ans le métier qui allait devenir le sien : l'action artistique et culturelle. Il est ainsi animateur, directeur d'un festival de musiques contem-poraines, délégué départemental à la musique, directeur de médiathèque, producteur de théâtre musical, et enfin, directeur de théâtre.
Dans le domaine des musiques contemporaines il exerce entre 1987 et 1995 une activité de critique musical.
Il écrit depuis 45 ans, de la poésie, des textes en prose, avec des temps de silence. Mais la maturation est lente, le mot est rugueux à écrire, et le texte est rare lui aussi.
Depuis 2002, il se consacre entièrement à l'écriture. Il est à la recherche d’une écriture qui soit un récit poétique et travaille particulièrement sur les relations intimes du langage et de la musique.
Au sein de l’Association « Arts Résonances » animée par Brigitte Baumié, il travaille depuis quatre ans sur la traduction poétique entre le français et la Langue des Signes Française (LSF)
Il pratique régulièrement des lectures publiques et anime de nombreux ateliers d’écriture.

Livres disponibles
- Ils riaient avec leur bouche - Cheyne Éditeur
- Traité du silence - éditions Color Gang
- Le dit du sablier – Éd. Voix d’encre – peintures d’Anne Weulersse
- Une fleur sur la neige – Éd. Voix d’encre – peintures d’Anne Weulersse
- Le récit du monde, Ed. Color Gang – Poésie et didascalies musicales.
- Origami (poèmes à déplier) - Ed. Color Gang
- Ce soir je suis un arbre (livre d’artiste) – Ed de la Margeride avec des œuvres de Ro-bert Lobet.
- Nous serons la force faible (poésie) – Livre d’artiste aux Éditions de la Margeride, avec des œuvres de Robert Lobet.
- L’Enneigement (poésie) – éditions La Rumeur Libre (2014)

A propos de « Ils riaient avec leur bouche »
"On le comparerait volontiers (…) à des livres qui vous renversent. Quelle que soit la place qu'on leur reconnaît dans l'histoire littéraire récente, ils restent en vous plantés comme des clous, ils sont cousus à même la peau, à hauteur du cœur, de la pompe vitale : ils font du sens là même où leur expérience dit son absence ou sa disparition.(...) Qui parle dans ce livre bouleversant ? Un il faut un il faut je viens je suis là après pas longtemps de noir. Ici c'est pas noir pas de bruit. Sans conteste un il faut d'une espèce à laquelle nous n'échapperons pas."

(Emmanuel Laugier - Le Matricule des anges - février 2002)
A propos de « Traité du silence »
(...) Voici un poète de grande exigence, se méfiant de l'effusion lyrique. Le laconisme de son écri-ture est à la hauteur d'une pensée de haut lignage, qui fait penser parfois à Edmond Jabès, ce qui nous donne des poèmes d'une merveilleuse fulgurance (...)

(Bernard Mazo - Aujourd'hui Poème)

A propos de « Origami »
Michel Thion propose dans origami, des tankas : une strophe de trois vers, une strophe de deux vers. L’invention de Michel Thion est spatiale, pour exemple, dans Le récit du monde la double page est utilisée pour mettre en vis-à-vis deux points de vue, deux types d’interprètes, pour le lecteur un texte, pour les musiciens des didascalies. Ici, dans origami art du papier plié, le haïku est déplié et déployé dans la strophe qui le suit.
C’est une poésie définitoire. Tous les poèmes commencent, premier vers, par un substantif précédé d’un article défini (le sable, le dénuement, le retour, la découverte, etc.), presque toujours suivi, deuxième vers, par un autre substantif précédé d’un article indéfini (une frontière, un cœur, un geste, etc.) ; le deuxième vers se substitue au premier, ou l’amplifie ou en dévie la trajectoire. Après le troisième vers qui qualifie et confirme l’inflexion du deuxième vers, le blanc d’entre deux strophes, alors les deux derniers vers, la deuxième strophe s’étale dans l’espace libéré par la tor-sion du deuxième vers.
Ce dispositif, dans ses meilleures réussites, met en œuvre un tissage complexe, chaque mot des cinq lignes noue et serre davantage la toile, en même temps l’étend, donne dans la deuxième strophe, la plus courte, un grand déploiement, une très longue traine.

la complexité
un désir
d’insecte

paysage
ombres légères

C’est le sable, l’ombre, le monde dans la main ouverte qui sont animés d’une force propre et pren-nent tout le temps.
Michel Thion nous avait donné un Traité du silence, dans cet origami il fait sentir quelques-unes de ses puissances.

le rocher
une contemplation
déchirée

douceur
ancienne


Laurent Grisel (Remue.net – février 2011)

A propos de « L’enneigement »
Une note de lecture de Michel Bagli sur le site « Textures » de décembre 2014 :

« A l’instant / elle était là, / et puis rien » : la neige dans l’encrier de Michel Thion est comme ses vers, « elle est le texte / et ce qu’il ne dit pas ». Fondant, elle s’efface aussitôt posée et devient « présence de l’absence ». Elle relativise le temps : « Elle tombe, / aussi vite / que la pierre de-vient sable ». Ce beau recueil, « L’enneigement » , que publient les éditions La Rumeur libre, fait échos à celui de Brigitte Baumié, « États de la neige » (Color gang), nous confie l’auteur, et s’inspire de ses traces. On y trouve, au fil de tercets aux effets de haïkus, des images impé-rieuses, - « la neige / une pluie / en robe de mariée » - mais je suis surtout sensible, pour ma part, à cette écriture aussi délicate et pudique que son sujet. On y sent frémir un chagrin à peine dévoi-lé, on y entend sous le « froissement d’une écharpe de soie » une dévastation intérieure qui cons-telle les pages de ses « flocons de mélancolie ». (62 pages. 14 euros).

EXTRAITS

Extrait de « L’Enneigement » (éditions La Rumeur libre) – dernier ouvrage paru en novembre 2014.

il y a l‘écriture du temps,

Une flèche de neige,
et l’archer la regarde,
tous deux immobiles,

enfin…
presque.


Elle est le temps
et son petit sourire
ironique.


Elle tombe,
aussi vite
que la pierre devient sable.

Extrait de « Traité du silence » (éditions Color Gang)

Je convoque le silence au festin de l'homme affamé.

Car il dit son visage incessant tourné vers le soleil qui lui brûle les yeux et qui consume sa faim.

Car il est le temps des larmes taries.

Car il lève le voile sur les cris de colère, mais non sur les cris d'amour.

Je convoque le silence car il attend la nuit et je l'attends aussi.

…/…

Le silence brûle les mots inutiles et les rancœurs dérisoires, et il laisse derrière lui des cendres que le vent disperse.

C'est là l'origine de la fine poussière que révèle un rayon de soleil oblique, dans un grenier en plein été. Et c'est pourquoi, quand on respire cette poussière, elle a l'odeur du temps.


Extrait de « Ils riaient avec leur bouche » (Cheyne éditeur)

L'homme bouge. Tout doucement il se balance. Un pied. L'autre. Il est sur la jetée.
Je dis l'homme il j'ai l'impression d'être deux c'est mieux.
L'homme il est tout seul tout.
Avant c'était un port. Maintenant l'eau est partie juste la vase et les squelettes des bateaux l'homme il savait pas que les bateaux ont des squelettes.`
Je savais pas.
Normalement c'est le soir. Il attend se balance l'homme il bouge. Pas d'oiseaux de cris personne au milieu de la vase des squelettes il est tout seul.
Il regarde. Il se dit ce serait le soir le soleil se coucherait au large il y au-rait la mer. J'oublierais il se dit l'homme l'odeur de la vase le nuage phosphorescent qui est là tout le temps à la place il y aurait le soleil qui se couche la mer qui ferait qui ferait un bruit j'ai oublié.
Là l'homme il a le regard dans le vague je me dis et maintenant.
Il regarde là-bas.
Là où maintenant un silence grouille.


PRESSE

Note de lecture de « L’Enneigement » de Michel Thion
Paru sur le blog « Zone littéraire » de Vanessa Curton.


La neige est l’encre, la plume, et le papier.
On est au commencement et à la fin, dans la nuit
d’une traversée intérieure où la neige impose sa lenteur.
Inspirés du haïku japonais, les poèmes de l’Enneigement tombent sur la page dans le souffle du poète. Ils sont des instantanées, des échos, des éclats. Ils cristallisent un frisson, la beauté fragile – et son effacement, l’éphémère, et la transformation permanente de ce qui est. Les tercets portent les traces d’un chagrin, de la fin d’un amour, d’un exil – un déchirement.
«Poudre de neige
effleure
tes seins,
ils frissonnent,
et moi j’en tremble »
A la lisère du langage, la neige vient traduire l’innommable, ce qui reste en suspens, la sensation tranchante, la nostalgie. Elle dit à la fois le désir, la douceur et la dureté des émotions. Elle est apparence et mensonge. Elle est ce qui retient le temps, freine la marche – et ce qui adoucit, pourtant, les aspérités de la vie. Elle recréé l’épaisseur entre le ciel et la terre. Comme une unité de l’être qui se refonde, avant l’allègement, un réveil – elle annonce le printemps.
Aussi, le poète nous donne à entendre le silence, les sons infimes qui persistent ou se révèlent sous l’étouffement que produit la neige. « Il n’y a pas d’achèvement dans le silence. Il n’y a pas de gravité. Il n’y a qu’un cheminement » écrivait déjà Michel Thion dans Le Traité du silence.
« Frémir
en silence,
telle est la leçon de la neige. »
Enfin, dans ce qui n’est pas une postface, le poète révèle ce que l’on pressentait en ouvrant ce recueil : L’Enneigement avance d’abord dans le sillage des États de la neige de Brigitte Baumié. Il se fait la trace d’une rencontre, et s’en détache dans les vibrations de ces tercets qui portent avec eux les précédents récits poétiques de Michel Thion dont Le Dit du sablier, Une fleur sur la neige et bien évidemment Origami.
Comme dans ce dernier, les poèmes de L’Enneigement ont souvent la forme du tanka. Ils se déploient, aériens, en sèmant dans leur jardin de neige « des fleurs sans nom ».

« Au coeur du désert
un ancien phare
attend toujours la neige. »
« Elle dessine
elle efface
tout du même geste. »
« Ecoute la neige
tomber
sur la neige
Tomber
sur la neige »

***
L’Enneigement de Michel Thion
Recueil paru aux éditions la Rumeur Libre, 2014
Site de Michel Thion : http://michel.thion.free.fr/
Site des éditions roannaises, La Rumeur libre.



Et de neige…
Par Pauline Perrenot Paru dans la revue Cassandre n° 101

Et de neige, le poète cousait les sueurs d'une vie
Échos épars de L'Enneigement, Michel Thion
Comment peindre les échos d'un bruissement ? Comment écrire les poussées sensibles, les paysages granuleux, les glaciers chatoyants, éclos des mots de Michel Thion ? L'Enneigement, dernier recueil du poète, est un retentissement. Celui qu'un livre avait laissé en lui. Pour dire le sien, il me fallait suivre les courbes égarées du chant qu'il avait déposé à son tour, tout près.

Le poète s'était lassé d'être l'esclave des paysages.

Il ne laissait plus la fleur ridée rouler les tambours du temps. Il n'écoutait plus le reflux des vagues lui souffler à l'oreille que les choses reviennent, que rien ne s'oublie. L'odeur de la pluie ne forçait plus ses larmes. Le pourpre d'un soleil ne gonflait plus son espoir.

Et pourtant... Le poète regarde le temps crisser. Il écoute les remous de l'aveugle passé, dialogue avec l'oubli. Il goûte le chagrin, les larmes d'un départ. Il sent battre l'espoir, comme palpite un pourpre soleil.

Mais le dehors ne le dompte plus.

Il le crée, de l'intérieur, façonnant un langage, de mots et de neige. Et d'enneigement, d'imaginaire, ce langage humecte le monde. L'Enneigement est né d'une rencontre. Celle de Michel Thion avec un recueil de Brigitte Baumié, États de la neige. Écoutant « un écho à retardement », il pose un buvard sur son corps. Regarde l'encre transpirer, et se répandre, lentement.
Neige, langage de l'éphémère...

La neige, c'est une nuée au pelage de mouton, une brume floconneuse, une vallée d'ouate, une rivière à vapeurs, un cycle. C'est une chair, éphémère. Une matière en métamorphose. Même imperceptible, elle respire encore.

Peu à peu, elle devient la chair du temps, celle qui ride l'espace quand elle s'y dépose. Elle devient la trace des présences fugaces, se niche dans les creux, et emplit le vide, sonore, des failles cachées au visible. Ce qui se voit, ce qui n'est plus. Ou pas encore là : une saison morte, une autre à venir, le goût de l'amertume, une attente, un passage.

L'enneigement… A la fin, une vague a tout recouvert. La neige est partout dans le poète, et partout autour. Elle irise, grouillante, le bleu de ses veines. Je me neige. Elle est la sève de son regard. Celle qui, de l'étincelle, garde la vie sans l'éteinte. Elle est la vie. Et les paysages se neigent.
… Alors, les paysages devenaient esclaves

Pas à pas, le monde tout entier parle la langue de l'éphémère. La neige est l'encre, la plume, le papier. Les visions ont trouvé leur souffle, et tout pouvait être recréé. Au fil des pages, comme sous l'effet d'une alchimie fantasque, la neige n'a plus de visage. On ne la voit plus comme matière, elle est autre chose. On l'écoute s'immiscer, à pas de loups, dans les peintures fantômes. Aveugles démiurges aux yeux enneigés… Des paysages s'élargissent, palpables. Des racines poussant du ciel. Des coulées de neige volcanique. Des corps en étreinte, nageant dans la glace. Une pluie en robe de mariée. Une marée d'ivoire, ondulant dans le creux d'un soleil. Le fluide, pétrifié dans la roche ; la pierre, effritée dans les sillons du vent, la vapeur, liquéfiée dans le feu ; et la chaleur, l'humide rivière blanche. Dans les mains, un kaléidoscope.
Voyants aveugles, le secret de la neige se lit dans les miroirs de pierre...

Qui entend
le bruit de la neige
verra le chagrin dans les arbres.


En 1930, Éluard et Breton rêvaient de visions libres, portées par des sens endiablés, tournoyantes. « Forme tes yeux en les fermant » nous disaient-ils, « nous sommes plus étroitement liés à l'invisible qu'au visible ». L'Enneigement est soufflé à cet œil curieux, et fermé. Le poète est alors tout puissant, vogue au-delà du mirage, fait craqueler les interstices. « L'écran noir des nuits blanches », on y flâne depuis tout petits. On a toujours écouté les choses parler.

Tous les enfants
apprennent
à neiger.



Michel Thion donne un corps au nomadisme des sens. Par l'oralité, et sa mise en chair, tout peut finalement être touché, du bout des doigts, puis à pleine main.


Écoute la neige
tomber
sur la neige

tomber
sur la neige


Le plein silence a trouvé sa voix. La voix de voile de Michel Thion, celle qui lisse les mots comme elle caresserait des vagues sans les briser. Son calme propre. Sans heurt, les mots bruissent, laissent flotter leur résonance en d'imperceptibles fils de sons, couchés dans du coton. Et s'effilent jusqu'à l'infime. Des haïkus, peut-être… Effeuillés, d'un trait d'encre, ils cousent une histoire. Couplés par trois, les vers tombent d'une fulgurance, la tête toute penchée. Et ces fulgurances, accrochées aux toits des pages, se lisent comme un ruisseau, plus tard nouveau poème…Ces îlots de mots, de voix, se bercent, traces d'un vide blanc. Des bruits en semailles, agrippés au silence, douces fêlures. Comme une haleine ruisselant hors des pages, L'Enneigement est une respiration.
C'est par la neige
que tout a commencé,
à la fin.

Neige donc, temps vécu
et tombe
sur mes cheveux déjà blanc.


Tout ce que l'esprit de l'homme peut concevoir et créer provient de la même veine, est de la même matière que sa chair, son sang, le monde qui l'entoure.Paul Éluard, L'évidence poétique

Pauline Perrenot

http://horschamp.info/cassandre101/page3.html




Jeudi 25 Juin 2015
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Effraction/ diffraction/
mouvement,
la place du poète
dans la Cité,
mars 2018.

Pour avoir vu un soir
la beauté passer

Anthologie du Printemps
des poètes,
Castor Astral, 2019

La beauté, éphéméride
poétique pour chanter la vie
,
Anthologie
Editions Bruno Doucey, 2019.

Le désir aux couleurs du poème,
anthologie éd
Bruno Doucey 2020.







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22/11/2010