IMAGES







Recherche

Inscription à la newsletter


Achat livres

Les livres de
Claude Ber sont
accessibles
sur internet.
Pour accéder aux
achats en ligne
cliquer sur
sur les icônes
de couverture
des livres.

cb
09/02/2011



L'invité du mois

Aurélie FOGLIA



BIOBIBLIOGRAPHIE

Aurélie FOGLIA
Aurélie Foglia est une chercheuse, et une chercheuse tout le temps. Qu’elle enseigne, écrive ou peigne, qu’elle donne un atelier d’écriture, un cours sur la littérature, qu’elle écrive de la poésie, du roman ou qu’elle peigne à main nue. Elle a publié des articles et des essais, dont le dernier, consacré à Baudelaire, paraît à la Rumeur libre (Le culte de l’impersonnalité, 2023). Elle est l’autrice de livres de poésie parus aux éditions Nous (dont Gens de peine, 2014) puis Corti : Grand-Monde, 2018, tourné vers les arbres ; Comment dépeindre, 2020, qui noue le dialogue entre deux gestes, écrire-peindre ; Lirisme, prix Vénus Khoury-Ghata 2023, qui revient sur le livre et l’acte de lire. Suite à la destruction de toutes ses toiles par son ex-compagnon, en 2018, elle a forgé le mot d’articide sur celui d’écocide et de féminicide.


EXTRAITS

Extrait de Grand-Monde (Corti, 2018)



Les Longtemps



lls n’ont pas bougé

on les trouvera toujours au bord
avec l’air

Ils n’ont pas besoin

debout
Ils l’étaient dès le début

sortent

respirer à l’envers

tendre vers la lu
mière dont se faire
verts


persistent

à la différence

ne voient pas
pourquoi Ils sont là

n’ont pas de raison

Ils ne rentrent pas







ce sont des tombes


Ils n’ont rien
ne se possèdent pas

Ils ont l’air


avoir pied dans la terre
creuse la profondeur

végéter à la verticale
les rattache au réel

Ils continuent

pousser ne leur permet pas
de parler


Ils n’ont pas le pouvoir


n’ont jamais prétendu
dominer le monde

seulement

Ils dépassent

Ils nous couvrent







Ils ne s’imaginent pas

morts ne s’aperçoivent pas

de la mort



Ils vont s’éteindre


peut-être pourrais-je les fleurir
déposer des fleurs

avec la nuit peut


être


pourrait-on



trop tard



non








Extrait de Comment dépeindre (Corti, 2020)


Saison 4, « Vous désarticulées »



j’ai du mal


mes grands fantômes
mes enfants du bout des doigts

où êtes-vous à ne plus exister

que faites vous à n’être plus
visibles

qui vous a rendus au blanc

effacés de l’espace où vous
étiez arrivés au point

d’apparaître

mes démembrés

qui vous a fait de nuit
vous retourner à l’absence
pire que le noir

du sans couleur

revenez mes désart
iculés






sur la toile peu

à peu je vois voyais

bouger


mon geste était du vent


appelé


à subir

tout cet arrachement

tragique à la racine


ce climat







ceci est un livre

sans images


devenu livre de deuil mal

gré lui malgré moi


un livre en deuil

des images








comment dépeindre

ce qui n’a plus d’existence


nulle part


une image n’existe pas

plus qu’une image



la photographie d’une toile


manque le relief déposé

par les éléments


accroche l’œil

mat







je suis en hiver


vu dans le jardin

l’entassement maladroit

des toiles


l’abandon maigre

des corps


les autres sur les autres

éventrés os

mâchoires saillants


cadres cassés

holocauste


des arbres jetés

par la fenêtre


l’un était resté pendu

dans l’oranger

du Mexique



Extrait de Lirisme (Corti, 2022, prix Vénus Khoury-Ghata 2023)



J’ai faim de cette soif.



des couleurs âcres pastel
des goûts restent
pelotonnés

dans les mots qu’on
mâche en train de
disparaître

du jus coulant du menton
jusque dans la pensée







une espèce de
main repose sur du
bois peint blanc

a renversé son vin

peut trancher à
tout moment
menace

chaque doigt va se
conclure


par un ongle







j’ai faim

d’être humain


avec ses petits os corrects la façon de se
ronger

qu’ont les uns


que des jambes entendent la danse me
transporte

les quenottes des ongles les incroyables
propriétés des mains

l’implantation des cheveux l’esprit qui pend
aux seins qui se dressent l’ombre
imprimée

que ne rassasie rien







surprenant un oiseau

tout de suite je veux l’auditionner

qu’il me rende l’herbe mouillée un
matin au pied d’un noyer le chemin
que lui font prendre des ailes dont je
ne suis pas douée

pour monter dans son chant

je ne me dis pas d’abord il n’y a rien à
manger là-dedans

c’est mon chat qui pense

que des os pointus et de la plume

mais l’accumulation de ces maigres
petits signes compense

c’est pourquoi sa chasse signifie
carnage signifie régal






peut-être si je l’ouvre il ne chantera
plus





Dimanche 31 Mars 2024
Lu 119 fois

Dans la même rubrique :

Guillaume DECOURT - 04/09/2024

Viviane CIAMPI - 03/08/2024

Jean-Marie GLEIZE - 02/06/2024

Laurent FOURCAUD - 12/03/2024

Laurent GRISON - 24/11/2023

James SACRÉ - 24/11/2023

Didier CAHEN - 27/05/2023

Marielle ANSELMO - 13/05/2023

POZZANI Claudio - 03/02/2023

Camille AUBAUDE - 01/06/2022

1 2 3 4 5 » ... 16

PARCOURS ET PUBLICATIONS | REVUE DE PRESSE | EXTRAITS D' OUVRAGES | ACTUALITES | ECOUTER VOIR - VIDÉO ET AUDIO | ARTICLES ET CONFERENCES | EN REVUES ET ANTHOLOGIES | TEXT TRANSLATION IN ENGLISCH, SPANISCH... | LIBRES PAROLES












ANTHOLOGIES ET PUBLICATIONS COLLECTIVES

Revue Cités N°73,
Effraction/ diffraction/
mouvement,
la place du poète
dans la Cité,
mars 2018.

Pour avoir vu un soir
la beauté passer

Anthologie du Printemps
des poètes,
Castor Astral, 2019

La beauté, éphéméride
poétique pour chanter la vie
,
Anthologie
Editions Bruno Doucey, 2019.

Le désir aux couleurs du poème,
anthologie éd
Bruno Doucey 2020.







cb
22/11/2010