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09/02/2011



L'invité du mois

Gabrielle ALTHEN



BIBLIOGRAPHIE

Gabrielle ALTHEN
Dernière Parution : La Cavalière indemne, éditions Alain Gorius, Al Manar, Mars 2015.

POESIE

Livres de poèmes

Le Coeur solaire, poèmes, Rougerie, 1976.
Midi tolère l’ovale de la sève, poèmes, Rougerie, 1978.
Présomption de l’éclat, poèmes, Rougerie, 1981, Avec une eau-forte de Lorris Junec, Prix Louis Guillaume.
Emprise, poèmes, Qui vive, avec une sérigraphie de Lorris Junec, 1981.
Noria, poèmes, Rougerie, 1983.
La Raison aimante, poèmes, Sud, Eau-forte d’Edouard Pignon, épuisé.
Hiérarchies, poèmes, Rougerie, 1988.
Sans preuves, poèmes, lithographies de Jan Vuijk, éditions de La Fenêtre, Paris, 1993.
Le Pèlerin sentinelle, poèmes, Le Cherche Midi, 1994, épuisé.
Le Nu Vigile, poèmes, dessins de Javier Vilato, La Barbacane, juin 1995, épuisé.
Coeur fondateur, Voix d’encre, 2006.
L’Arbre à terre, Nu(e), 2000.
La belle mendiante, René Char, lettres à Gabrielle Althen, l’Oreille du loup, 2009.
Vie saxifrage, éditions Al Manar, Alain Gorius, 2012.
Chuchotis, La lune Bleue, 2013.


Livres d’art

Le Sourire antérieur, poèmes, frontispice de Wolfgang Gäfgen et burins de Patrick Guyon, 1984.
Sans preuves, poèmes et lithographies de Jan Vuijk, éditions de la fenêtre, 1993.
Automnes, poèmes, gravures de Ricardo Ricata, Les Carnets de la sentinelle, Galerie du Fleuve, 2000.
Crime, poème, peinture originale de Pierre Mézin, collection vice-versa, dirigée par Daniel Leuwers, 2003.
Matière de jour, poème, peintures originales de Philippe Ségalard, collection plis, dirigée par Daniel Leuwers, 2003.
La Gare vierge, poème, peinture originale de Xavier, collection éventail dirigée par Daniel Leuwers, 2004.
L’Entrevue, poème, peinture originale de Paul Louis Rossi, collection dirigée par Daniel Leuwers, 2010.
La page entend, peinture originale de Georges Badin, collection dirigée par Daniel Leuwers, 2013.
Fond neutre, peintures originales de Pascal Marcel, Galerie du Bourdaric, 2014.

Présence dans des anthologies

ANTHOLOGIE de la poésie française du XXe siècle, édition de Jean-Baptiste Para, nrf , Poésie/ Gallimard, 2000.
Un certain accent, Anthologie de poésie contemporaine, rassemblée par Bernard Noël, l’Atelier des Brisants, 2002.
49 poètes, un collectif, Flammarion , collection poésie dirigée par Yves di Manno, 2004, pp.191-197.
ANTHOLOGIE 2004, de Jean Orizet : La poésie française contemporaine, Le Cherche Midi, 2004.
FINAL DE ENTREGA, antologia de poet(a)s contra la violencia de género, Coordinado por Balbina Prior, Colectivo Ediciones, Cordoba, 2006.
LETTERA AMOROSA, Le Printemps des poètes, 2007.
DES POETES AUX PARVIS, Marc Delouze et les Parvis poétiques, la Passe du vent, 2007.
Anthologie de la poésie française, Larousse, réunie par Jean Orizet, 2007.
L’ANNEE POETIQUE 2008, présentée par Patrice Delbourg, Jean-Luc Maxence et Florence Trocmé, Anthologie Seghers.
JE EST UN AUTRE, anthologie des plus beaux poèmes sur l’étranger en soi, présentée par Bruno Doucey et Christian Poslaniec, 2008, Seghers.
POESIES DE LANGUE FRANCAISE, 144 poètes d’aujourd’hui autour du monde, Anthologie par Stéphane Bataillon, Sylvestre Clancier, et Bruno Doucey, Seghers, 2008.
VOIX DE LA MÉDITERRANÉE, Anthologie 2008, Clapas, 2008.
NEW EUROPEAN POETS, Edited with an introduction by Wayne Miller and Kevin Prufer, First Graywolf Printing, 2008, trad. Marilyn Hacker.
ANTHOLOGIE POETIQUE AMOUREUSE, Marc Alyn, Ecriture, 2010.
COULEURS FEMMES, poèmes de 57 femmes, préface de Marie-Claire Bancquart, Le Castor Astral, Le Nouvel Athanor et le Printemps des poètes, 2010.
PAS D’ICI, PAS D’AILLEURS, ANTHOLOGIE POÉTIQUE FRANCOPHONE DE VOIX FÉMININES CONTEMPORAINES, présentation et choix de Sabine Huynh, Andrée Lacelle, Angèle Paoli et Aurélie Tourniaire, éditions Voix d’encre, 2012.
VOIX VIVES, DE MÉDITERRANÉE EN MÉDITERRANÉE, Anthologie Sète, 2012.
QUINCE POETAS FRANCESES CONTEMPORANEOS, Anthologie dirigée par Jeanne Marie, Libros del Aire, 2015.


PROSE

Nouvelles et Romans

Le Solo et la cacophonie
, Contes de métaphysique domestique, Voix d’encre, 2000.
Hôtel du vide, roman, éd. Aden, 2002.

Essais

Le Mythe d’Oedipe, (sous le nom de Colette Astier), Armand Colin, 1974.
Proximité du sphinx, Intertexte, 1991.
Dostoïevski, le meurtre et l’espérance, essai, Le Cerf, 2006.
La Splendeur et l’Echarde, carnets de route, Corlevour, printemps 2012.

Traductions – éditions


Rilke, Poèmes à la nuit, trad. Gabrielle Althen et Jean-Yves Masson, Verdier, 1994. Troisième édition 1999.
Science ultime, Herberto HELDER, trad. du Portugais par Laura Lourenço et Marc-Ange Graff, Postface de Gabrielle Althen, coll. Terre de poésie, Lettres vives, Paris, 1999.
Autobiographie de Thérèse d’Avila, reprise de la traduction Bouix, (Vie de Sainte Thérèse d’Avila écrite par elle-même), préface d’Alain Vircondelet, postface de Gabrielle Althen, Stock, 1981, troisième édition en 1998.

Divers
Publications en revues
En France,
CREATION, NOTA BENE,SUD, LES BELLES LETTRES, POESIE 95, POESIE 97, POESIE 99, POESIE 2000, POLYPHONIES, où elle a publié notamment une chronique régulière de poésie, PHREATIQUE, L’ESTOCADE, LA SAPE, NU(E), EUROPE, POESIE 2000, POESIE 2002, 2004, DÉDALE, LINEA, AUTRE SUD, POÉSIE EN VOYAGE, SIECLE 21, LE MÂCHE LAURIER, SORGUE, VOIX D’ENCRE, THAUMA, INUITS DANS LA JUNGLE, CONFÉRENCE, DIÉRÈSE, NUNC, LE PRÉAU DES COLLINES, ARPA, LES HOMMES SANS ÉPAULES, POÉSIE EN VOYAGE, LA PORTE, etc…
A l’étranger,
EL MASSAR, REVUE DE LITTERATURE ETRANGERE DE L’INSTITUT DE PEKIN, REVISTA ATLANTICA,LITTEREALITE, CADERNOS do TAMEGA,POETRY, NEW LETTERS, CHELSEA 80, FOURTEEN HILLS, ESTUAIRE, ZURGAI, IARARANA, etc.
AGENDA DE SHAFIQ NAZ, 2006, 2007 et tous les ans jusqu’à 2013.
Revues numériques et sites,
POEZIBAO, TEMPOREL, RECOURS AU POÈME, TERRE DE FEMMES.


Entretiens
EUROPE, mars 2000, n° 851, La part du feu. Du lyrisme, entretien avec Gabrielle Althen, propos recueillis par Nicolas Mouton.
POESIE/PREMIERE, n° 33, nov. 2005/fev. 2006, « Gabrielle Althen en questions », entretien avec Jean-Paul Giraux.
AUTRE SUD, n° 34, septembre 2006, propos recueillis par Alexis Pelletier.
L’ENIGME-POESIE, Entretiens avec 21 poètes françaises, John C. Stout, Rodopi, Amsterdam – New York, 2010.

Textes sur la peinture
Contribution au catalogue de l’exposition Lorris Junec, au Centre Culturel du Marais, 1978.
Contribution au catalogue de l’exposition Edouard Pignon aux Galeries Nationales du Grand Palais (février à avril 1985), Denoël, 1985.
Contribution au Catalogue de l’exposition de tapisseries de Jean-René Sautour-Gaillard, à la Galerie Isnard, 116 Boulevard Saint Germain, Paris,1987.
“Lorris Junec ou la décision de la lumière”, in Lorris Junec , une étincelle dans l’histoire, Les Editions de l’Amandier, Association Lorris Junec, 1994.
Commedia dell’arte, « les fourberies subversives » catalogue de l’exposition de poupées de Jean-René Sautour-Gaillard, galerie Inard, 23 novembre – 30 décembre 2000.

Film et photographies
Scénario d’un long métrage d’animation de Piotr Kamler, Chronopolis, 1982.
Hommage, livre en collaboration avec Marc Rivière, photographe, pour la Galerie du Fleuve, 2000.
Henri Guérard , Le regard d’un photographe sur Belleville, Ménilmontant, Charonne (1944-1999), Texte liminaire de Gabrielle Althen, Les éditions de l’Amandier, 1998.



QUELQUES TEXTES CRITIQUES
DOSSIER DE PRESSE

Paul Farellier,
LES HOMMES SANS EPAULES

Le ton initialement donné à l'oeuvre n'a pas varié : celui d'une parole forte et délivrée, qui s'est voulu aguerrir pour affronter un destin. Non pourtant qu'on n'y ait pu goûter ici et là de subtils pianissimi, à la limite du silence dans la trame orchestrale: Mais alors que le monde là bas se vêtait de monts bleus, et que nos soirs seraient doux comme des ventres d'oiseaux, nous étions à cueillir un à un sur le bord de l'espace de purs rameaux de solitude. (Noria) De même, dans une pauvreté de saison nue, le poète a découvert que se taire est une cathédrale, une rumeur obscure qui est promesse, dans une surprenante proximité de confidence valéryenne : Petite soeur prête à pleurer, proche de moi, qui es moi.
(…)
Mais le plus souvent, le discours reste vigueur, avec d'incisives images (Tous les jours et dans tous les cas, la merveille se fera sourire, sourire d'un ange qui plonge dans son sang, étincelle à saisir avant sa fleur. (Hiérarchies). La mort, nue comme une offrande sur la coupure du verre ...(Sans preuves), et il est difficile de ne pas se laisser emporter par le flux de ces livres où tout se fait à la fois mémoire et projection, douleur et plaisir, abandon et désir. Des couleurs affectives enfièvrent la parole, sans cesse engagée dans une lutte, aussi bien cosmique qu'intérieure, où s'opposent et s'allient une soif sensuelle du monde et la demande la plus contrariée d'un Dieu Il faut laisser, depuis le monde, le Dieu venir au monde. (Le Pèlerin sentinelle)



Marie-Claire Bancquart,
EUROPE, n° 936, avril 2007

Ce recueil (Coeur fondateur)… pose d’emblée, dans la partie « De proche en proche », les questions essentielles : voici l’homme qui marche »entre son charme et sa méchanceté / Chacun dans une main », s’interrogeant sur sa responsabilité envers les autres, dans un grand paysage de montagnes où perce le soleil froide et rouge ; l’homme qui se demande tout à coup, devant le ciel : « pourquoi cette limpidité me conduit-elle au noir ? » ; ils sont pris dans une dualité essentielle, celle de nous tous, « habités par la bouche des vents », qui nous sentons emprisonnés dans le monde, comme Jonas au creux de la baleine, et en recherche d’une intensité de l’immanent que nous ne savons pas trouver parce que « Nous n’aimons pas assez / Pour que les choses soient ce qu’elles sont ».

Jean-Luc DESPAX
« Gabrielle Althen : le coeur et la raison » NU(e ), n°53, Gabrielle Althen, Actes du colloque organisé par le C.T. E. L. en novembre 2012
Il n’est pas faux non plus, partant du titre encore, (Coeur fondateur) et fréquentant de manière malicieuse quoique non rassurée les rives des Enfers, d’inverser le rôle de toute action psychopompe et d’oser dire que ce coeur fondateur pompe la psyché pour émerger dans la pleine conscience du lumineux et du numineux. Mais à la relecture du livre,on comprend qu’il faut s’attacher à une lecture très attentive d’un texte si riche : il accueille l’infini et toute la culture européenne, qu’il faut choisir d’un seul fil et voir où il mène. Le choix de ce fil, le fil métaphysique, répond déjà qu’iul mène à l’aporie. Mais comme nous sommes en poésie et non en philosophie, l’aporie est toujours une ouverture. La métaphysique irrigue le texte. Ce coeur fondateur interroge et le coeur et les fondations que le coeur permet, de manière réaliste et quotidienne pour s’exercer à l’art difficile de l’existence. Mais il y a révolte dans le même temps, contre le constat de ne pouvoir rien faire d’autre que cela, vivre en se conformant aux prescriptions rythmiques, physiques, organiques et émotionnelles du coeur. Il y a toujours ce désir de regarder plus haut, ailleurs en tout cas, subsiste dans le texte le mouvement vers la dimension cachée, dérobée aux sens, fondation vers le ciel probablement.
(…)
Constat raisonnable, allant incontestable du coeur, mais coeur fondateur d’un autre plan, celui de la poésie. Le mystère sur lequel on ne pourra pas raisonner mais qui résonnera. Et de ces ondes, de cette vibration suprême que le poète s’est donné pour humble mission de servir, peut surgir un nouveau rapport à l’espace et au temps. Catégories a priori de l’entendement au sens premier. Ce que l’on entend venu d’ailleurs. C’est une version moderne du message pascalien, resté bien mystérieux, mais qui éclaire pourtant chaque jours nos hésitations ou nos renoncements. Le paragraphe 277 des Pensées :
Le coeur a ses raisons que la raison ne connaît point, on le sait en mille choses. Je dis que le coeur aime l’être universel naturellement, et soi-même naturellement selon qu’il s’y adonne ; et il se durcit contre l’un ou l’autre à son choix.
Coeur fondateur. J’entends ici : le coeur a sa résonnance et son type intuitif de raisonnement. C’est Dieu qui sans doute, selon Gabrielle Althen, se fait entendre dans ce qui résonne et peut-être raisonne. Dieu ou n’importe lequel des noms communs ou propres de l’Esprit, du Mystère, de la générosité ou du courage devant les épreuves du vivre. Oui, c’est le message pascalien des poèmes de Gabrielle Althen



Matthieu Beaumier,
www.recoursaupoème.fr


Tout est libre, redit le poète. Sauf nous, qui sommes enfermés en nous-mêmes, de nous-mêmes. Librement aussi, d’une certaine manière. Cela questionne cependant :
L’énigme est une roue céleste qui se laisse traverser sans se résoudre et le temps la reçoit sans y toucher, tel un vent léger faisant filer les herbes lisses.
Il y a le son qualifié d’Incendie sonore, son qui porte la beauté de la parole d’avant, toujours renaissante. Comme la fleur. Ou la rose. Ce n’est que notre regard qui ne voit plus ce qu’il voyait auparavant, l’invisible. La signature des choses. Ici, en ce monde, tout est cependant symbole. Et le regard absent n’absente pas l’authenticité symbolique de ce monde. Même si nous acceptons le théâtre virtuel que d’étranges forces fabriquent avec nos faux outils de mauvais compagnons. Cela n’empêchera pas le poème de Gabrielle Althen de porter l’espérance :
Il y a dans l’air des exploits impalpables qu’on appelle des anges et qu’on ne verra pas.
Gabrielle Althen donne simultanément ou presque La splendeur et l’écharde, aux éditions de Corlevour. Des essais. Autour de la poésie, de la peinture, de la musique. Ses mondes en somme. Lisant l’œuvre du poète, il est émouvant de croiser ses univers en ouvrant cet opus passionnant. On trouve ici ses lectures sources. Il ne s’agit pas d’un livre de critiques, au sens universitaire de ce terme. Ce sont des rencontres, des appréhensions et des confrontations, avec des œuvres et des artistes d’importance. La poésie affronte le Beau. Et celui-ci, n’en déplaise à l’air du temps, n’est pas subjectif. On croisera Pessoa, la musique, Picasso, la poésie, Rilke, Eluard, Handke, Char, Baudelaire, la mystique de Jean de La Croix ou Ingeborg Bachmann, dont on ne mesure pas encore assez l’influence souterraine sur ce début de siècle. Point de précipitation ici, des méditations plutôt. Avec des œuvres. Au fil du temps. Ce qui bâtit, en somme. Althen offre différents angles de vue, et aussi de petites proses/pensées, aphorismes, au cœur du livre. Du bel ouvrage, et il est heureux qu’un éditeur prenne encore, aujourd’hui, le temps de publier cet ensemble.




Béatrice Libert, Liège

Le jour rentre ses ailes. On ne les verra plus. La beauté était venue pourtant, mais si légère qu’on l’avait prise pour une hésitation. La vie, n’est-elle pas toute dans le titre de ce recueil, surprenant et doux, et que l’on voudrait cueillir ? Et Gabrielle Althen n’est-elle pas, elle aussi, dans ce mouvement retenu, cet élan et cet écart, cette détermination et ce balancement ? Alliance, semble-t-elle nous dire. Alliance entre ce qui part et ce qui vient. Alliance qui nous détermine sereinement, malgré ce qui raie[nt] encore ce fond de monde. Se plaindre serait indigne. Comme son auteur, le poème se tient droit au bord de ce qui tremble. Le chant du vide − autre titre possible pour ce recueil marqué par l’oxymore – s’appuie sur l’invisible plein où la clarté danse sur la vitre de l’air ou encore dans les anneaux du paysage. C’est là que le corps rejoint l’espérance, cette jeune fille qui se réveille. Attentive à l’humble, au léger, la femme qui erre dans la cour à attendre un mot mouillé de vin mêlé de ciel a des gestes de nouveau-né sans habitudes. C’est ce qui la rend disponible. La langue poétique, très justement épaulée, retient, de l’expérience vécue, ce qui, sans chanter à l’oreille du lecteur, enchante son âme et peut l’ensemencer.
Mais il y eut des jours de pleurs sans indigence
Des vagues émanaient du profond du mystère
En soutenant le gris de la lumière
Les enfants interdits qui cessaient de jouer
Penchés en rond sur le moment
Oubliaient en riant de poser leurs questions
Et l’on se chérissait dans les anneaux du paysage


Matthieu Gosztola,
EUROPE, mars 2013, N°1007

Comment non pas restituer la beauté, car cela équivaudrait à en terni l’éclat, mais la capturer, en prenant soin de ne pas amoindrir sa vie ? A cette question, Gabrielle Althen répond singulièrement, par la découpe moirée de ses vers. Tout est aérien, chez cette poétesse qui sait d’instinct que la beauté n’est jamais ce qui pèse : « La beauté était venue (…), mais si légère qu’on l’avait prise pour une hésitation »
Si la beauté est la légèreté même, c’est parce qu’elle n’a pas besoin de nous. « Sans besoin de personne, le monde s’émerveille ». Par « monde », il faut entendre le monde de la nature, et Gabrielle Althen fait écho aux carnets de Philippe Jaccottet : « Quand le Chat-huant appelle à travers la nuit, il n’appelle rien ni personne. »
(…)
« L’énigme est une roue céleste qui se laisse traverser sans se résoudre et le temps la reçoit sans y toucher ».
Ce n’est pas un hasard si le poème dont est extrait ce vers s’intitule « Le pays musicien ». La sémantique ne parvient pas à rendre captive en elle la beauté.(…) Et c’est de musique dont il est sans cesse question dans Vie saxifrage, même sans que celle-ci soit nommée. Car la musique prend doucement possession de nous à l’écoute intérieure des poèmes.



TEXTES

Un mot
Pour attirer la foudre
Dans le gris sans éperons du moment
Le mot arrive
Puis il nous dévisage
- Nous
Le beau troupeau de bêtes –
La liberté qui regarde autre part
Accentue ses égards


*



ELLE OU LA DECISION ANTERIEURE


Souveraine et blessée
Mains lentes et connivences
La bergère méconnue aux agneaux invisibles
Une à une écartant les parois de la nuit
Femme et étale
Devant la mer de la nécessité
Et le moutonnement des actes répétés
Entre les pieux mal équarris de la brutalité
Elle se lève
Parole dévidée entre questions et maux
Reine pourtant du silence où s’abîme le coeur
Le corps immense derrière les poignets frêles
- Et le oui antérieur à son geste de vivre

(Extraits de Soleil patient, à paraître, Arfuyen, 2015)


*


Bergère de la lumière, sans même savoir qu’elle était aux aguets, elle tenait son cœur vert et nu spacieux assez pour y loger des souvenirs et des arceaux de ciel.
La résonance cherchait en elle le préférable et sa limpidité. Un arbre pur en contre-jour lui écrivit dans la clarté.



*


HOMMAGE


D’un baiser trop léger, la lumière ne cessait de bénir celui qui, faute d’amour, ne cessait de perdre tout son temps. Il pliait et repliait les draps de la matière et, faute d’amour, s’agglutinait aux objets sur son passage. La lumière demeurait une, bien qu’elle fût de visible façon attenante, comme un pétale l’est à sa fleur, - et sûrement comme je le suis à toi - à autre chose qu’on ne discernait pas. L’ensemble avait lieu, faute d’amour, sur une route dure où manquait une enfance, bien que l’homme, faute d’amour, fût resté un enfant et, de toutes les façons, c’est lui qui avait raison, bien qu’on ne sût au juste de qui manquait l’amour en général.

(Extrait de La Cavalière indemne, édition Alain Gorius, Al Manar, 2015)




*



OPERA

Chaque tête propose sa peine et sa saison légère
On balbutie dans les châteaux précaires
Pourquoi la mélodie
Quand elle est trop parfaite
Fait-elle pleurer la chair ?
L’hiver rehausse les couleurs
Un tabernacle vide vaut-il un diapason ?
La nuit a fait grandir un lys dans une tête
Et l’on ne sait pas bien qui a mal en dedans
Remets tes gants referme ton manteau
Cet opéra se compose de peu
Chacun portant son chef et sa peine en dedans


*



ART POÉTIQUE (II)


L’azur se brise pour toucher terre entre les arbres, où il demeure le même. La perfection défait le temps qui a tissé la crise, lorsque, dans sa prudence élémentaire, le ciel crie contre le rire indéfendable où mentent certains rieurs.
Je cherche ton regard. Je ne sais plus quand tu as cherché le mien, mais nous avons accepté que le seuil soit lointain de nos chambres d’accord.
Octaves permises parmi les pins, forêt dans la forêt, tout ce bleu qui bifurque plante ses tessons autour de nos désirs. Oh ! Les portants sans poids de cette joie sonore !
De portes impensables chuchotaient sur nos peines à deux pas de nos égarements d’insectes, lorsque le jour, sans sortir de son cri magnifique, se voulut fruit, puis chair sous l’armure. Il fallut accepter comme des enfants, loin du bruit et hors de l’extase encore, qu’il posât ses racines du côté de nos cœurs, et ce nous fut un grand progrès.


*


ART POÉTIQUE (III)


Qu’il faille faire avec le corps sans lien de la beauté nous rendait tout petits. La joie devait dormir derrière le temps et l’on s’occupait de prévoir comment les hiérarchies penchées depuis les pentes qui n’ont pas encore reçu de noms s’accoupleraient avec la lyre heureuse à naître de nos mains.




*




C’était déjà le temps où tu étais blessé à l’être. Nos chairs nous aimaient, je me souviens. Nous menions chaque jour nos exercices de joie plus haut que la dureté des pierres et en guise d’hallali sur ton flanc paissait la rose mûre à naître, le fruit agenouillé du jour. Nous entendions croître les hallebardes du soleil, la moisson des roseaux advenue sur la mer, et celle-ci chaque fois se soulevait dans l’or en flammes parallèles.
Pour étendard encore, nous étendrons nos mains sur cet amour.



Dernières parutions, avant Mars 2015-03-12

La Splendeur et l’Echarde, essais, Corlevour, 2012
Vie saxifrage, Al Manar, Alain Gorius, 2012

Mars 2015, dernière parution : La Cavalière indemne, éditions Alain Gorius, Al Manar, dessins et aquarelle de Philippe Hélénon.



Prochaines manifestations

16 mars 2015, 19h., lecture, soirée de lancement de PLACE DE LA SORBONNE, Réfectoire des Cordeliers, 15 rue de l’Ecole de médecine, Paris 75006.


Lundi 4 Mai 2015
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ANTHOLOGIES ET PUBLICATIONS COLLECTIVES

Revue Cités N°73,
Effraction/ diffraction/
mouvement,
la place du poète
dans la Cité,
mars 2018.

Pour avoir vu un soir
la beauté passer

Anthologie du Printemps
des poètes,
Castor Astral, 2019

La beauté, éphéméride
poétique pour chanter la vie
,
Anthologie
Editions Bruno Doucey, 2019.

Le désir aux couleurs du poème,
anthologie éd
Bruno Doucey 2020.







cb
22/11/2010