IMAGES







Recherche

Inscription à la newsletter


Achat livres

Les livres de
Claude Ber sont
accessibles
sur internet.
Pour accéder aux
achats en ligne
cliquer sur
sur les icônes
de couverture
des livres.

cb
09/02/2011



L'invité du mois

Marilyne BERTONCINI

Le 28 novembre lecture de Marilyne Bertoncini dans le cadre des "Mots d'azur" au Château de Mouans-Sartoux



BIOBIBLIOGRAPHIE

Photographie Francesco Galieri
Photographie Francesco Galieri
Poète, traductrice, revuiste – après une carrière d’enseignante, se consacre à l’écriture et à la poésie. Participe à diverses revues, anime le site et les rencontres de l’association Embarquement Poétique qu’elle a fondé. Passionnée de photographie, elle collabore avec des artistes, plasticiens et musiciens. Ses nombreuses traductions (plus d’une centaine d’auteurs) et ses articles sont publiés dans des revues internationales et françaises et ses textes traduits ont été publiés en plus d’une dizaine de pays.
Pour plus d'informations:
Wikipedia cliquer ici
Embarquement poétique[ cliquer ici
Jeudi des mots cliquer ici

Publications récentes
Recueils (extraits)
La Dernière Œuvre de Phidias, suivi de L'Invention de l'absence, Jacques André éditeur, 2017.
L’Anneau de Chillida, Atelier du Grand Tétras, 2018 (Prix Naji-Naaman, 2017).
Mémoire vive des replis / Memoria viva delle pieghe, éd. bilingue, texte et photos de l’auteure éd. PVST, 2019 (prix A.S.A.S. 2021 Associazione siciliana arte e scienza).
Sable, photos et gravures de Wanda Mihuleac, éd. bilingue français-allemand, traduction par Eva-Maria Berg, préface Laurent Grison, éd. Transignum, 2019. (NISIP, édition bilingue français-roumain, traduction de Sonia Elvireanu, éd. Ars Longa, 2019).
La Noyée d'Onagawa, préface de Xavier Bordes, éd. Jacques André, février 2020 (1er prix Quai en poésie, 2021).
Son Corps d'ombre, collages de Ghislaine Lejard, éd. Zinzoline, 2021.
XXL...S, ed. L'Atelier du Grand Tétras, 2022.
La Plume d'Ange, peintures d'Emily Walcker, éd. Chemins de plume, Nice, 2022.
Aub'ombre/Alb'ombra, édition bilingue, photos de Florence Daudé, éd. Pourquoi viens-tu si tard ? (PVST), 2022.
Il Libro di Sabbia, Bertoni editore, Italie, 2022
Damnatio Memoriae, La damnation de l’effacement, photos de Florence Daudé, éd. du Petit Véhicule, 2023.
Scatti di luce, Instantanés de lumière, avec Alma Saporito, photos de Francesco Gallieri, bilingue, traduction de l'autrice, préface de Marc-Henri Arfeux, postface de Luca Ariano (PVST?), 2023
À fleur de bitume, itinéraires urbains, poèmes Marilyne Bertoncini et Ghislaine Lejard, photos Marilyne Bertoncini, introduction de Jacques Robinet, éd. Les Lieux-Dits, collection Duo, 2024

Ouvrages collectifs (extraits)
Sidérer le silence, anthologie sur l’exil, éditions Henry, 2018.
Le Courage des vivants, anthologie, Jacques André éditeur, 2020.
Re-Cervo, in Transes, ouvrage collectif sous la direction de Christine Durif-Bruckert, éd. Classiques Garnier, 2021.
Dans une autre demeure, cartographie de la poésie française et francophone contemporaine, sous la direction de Jean-Luc Favre, 5 sens éditions, 2022.
Plus de cent frontières, dirigé et traduit par Marilyne Bertoncini, éd. PVST, 2023.
Du corps du poète au corps poétique, dir. Marilyne Bertoncini pour Embarquement poétique, Éditions Chemins de Plume, « Les Cahiers de Poètes & Co. », juillet 2024.

Traductions (extraits)
Secanje Svile, Mémoire de Soie, de Tanja Kragujevic, édition trilingue, Beograd 2015.
Histoire de Famille, Ming Di, éditions Transignum, avec des illustrations de Wanda Mihuleac, 2015.
Ennuage-moi, a bilingual collection, de Carol Jenkins, River road Poetry Series, 2016.
Tony's Blues, de Barry Wallenstein, avec des gravures d'Hélène Bauttista, éd. PVST, 2020.
Soleil hésitant, de Gili Haimovich, éd. Jacques André, 2021.
Papillon, de Mari Kashiwagi, éd. L’Atelier du Grand Tétras (à paraître, 2025)



EXTRAITS

La Faiseuse de rêves stroboscopiques (1) (inédit – extrait d’un ensemble de rêves)


Madame Themalda était faiseuse de rêves. Elle avait une loge comme un oeuf d'or au fond du corridor tout orné de miroirs qui reflétaient les lustres de cristal vénitien du plafond et les dorures des boiseries. De nombreuses portes, à intervalle régulier, entre des bras de lumière tout aussi éblouissants que les lustres, ouvraient sur d'autres corridors plus sombres, où s'entrevoyaient des ombres. L'intense lumière des reflets cachait ma présence, et j'avais pu discrètement m'approcher de la dernière porte, qui ouvrait sur le renfoncement où luisait l'oeuf de lumière douce de Madame Thémalda. Je l'avais entr'ouverte à son insu et - afin d'entendre ce qu'elle disait - je l'avais bloquée avec une chaise fort ordinaire, qui déparaît dans ce luxueux décor, et qui opportunément, se trouvait, soudain, là.

Madame Thémalda avait l'aspect d'une vieille femme fort coquette, portant des vêtements d'un autre siècle ; j'ai retenu au réveil un bonnet qui cachait ses cheveux gris, dont sans doute on voyait des mêches, un châle de laine claire couvrait ses épaules. J'ai depuis mon réveil oublié d'autres détails, et ne tenterai pas de les rappeler, tant je sais fragile le souvenir des songes, promts à s'évanouir ou devenir fallacieux. Elle était certainement très vieille et devait même – probablement - se déplacer avec une canne, et elle était voûtée comme on imagine les vieilles fées des contes de notre enfance – bonnes ou maléfiques.

Dans mon rêve, je connaissais la réputation de Mme Thémalda, mais ne comprenais pas, incrédule que je suis aussi dans le monde diurne, comment elle parvenait si bien à convaincre ses pratiques à devenir des fidèles, des zélotes. En fait, je réalise que j‘avais suivi une toute jeune fille qui se rendait en tremblant à la loge d'or et qui s'y était faufilée non sans regarder autour d'elle si quelqu'un la voyait dans l'éclat des lustres de la galerie.

Le réveil et le temps écoulé depuis m'ont fait perdre une grand partie de ce que j’avais saisi alors. Toutefois, je sais que je me trouvais soudain projetée dans l'esprit de la jeune fille, à qui s'adressaient les paroles prononcées d'un ton sévère ou prophétique, qui la/me plongèrent dans un état de rêve singulier : je n'avais pas quitté le château (car c'était, vu l'opulence du décor et de la lumière, dans un château à n'en pas douter, que je rêvais) mais je me trouvais dans l'une des pièces adjacentes, où une lumière plus tamisée – comme l'intérieur d'un vase où flottent des ludions - doublait l'ombre verdâtre de spectres qui y dansaient, mêlant les peintures de fresques où s'agitaient nymphes et satyres avec les masques qui m'entouraient, m'enlaçaient, m'entraînaient dans une sarabande étrange – mi valse, mi-cavalcade.

Un jeune homme en redingote et haut-de-forme avait saisi ma main, et me confiait que lui aussi était un patient de Madame Thémalda, et qu'il participait depuis longtemps déjà à ces fêtes stroboscopiques qu'elle organisait dans le rêve de chacun.

Et nous valsions, et la salle de plus en plus sombre, quoique rutilant d'un feu intérieur désormais, s'élargissait semblait-il aux dimensions d'un univers que nous parcourions tout à fait comme si l'espace interstellaire n'était qu'une promenade, saupoudrée d'étoiles que nous foulions à notre guise, toujours plus haut, toujours plus loin.

Et le rire de Madame Thémalda résonnait comme un arpège sur les touches d'un piano qui nous portait tel une échelle, toujours plus haut, toujours plus loin ...

J'avais fermé les yeux à l'intérieur de mon rêve, et dans l'obscurité - comme sur un écran - défilaient mes souvenirs, ceux de mon cavalier, passant à travers nos mains jointes comme un pont électrique, puis tant et tant d'images qu'épuisée par ce vertige, je m'effondrai, tandis que le souffle de mon cavalier me donnait rendez-vous, pour un autre rêve stroboscopique, dans l'oeuf de Madame Thémalda.

Et sa voix résonnait encore à mon réveil,

et j‘ai pensé à Nerval.


**

Adieu ( inédit)

La maison s'envolait

Loin

Elle tirait sur les fibres de l'âme
arrachait déchirait
emportait avec elle la traîne des souvenirs
dont les couleurs s'effilochaient dans les nuages
en lambeaux blêmes

La maison s'envolait dans le noir de l'azur
comète scintillant d'années-lumières du passé
filant au coeur-silence des mémoires
dans la veine anthracite du chagrin

Eclats de gestes disparus
écho de voix éteintes
murmurant encore pourtant comme
tente
de battre
de l'oiseau blessé
l'aile brisée

La maison envolée m'avait laissé au coeur
un gouffre de douleur

sans fond
sans mots

sans fin

**

Souvenir barbelé –(bilingue – trad. de l’autrice)

Le souvenir est barbelé
il érafle la page et saigne
couleur d'encre de seiche sur l'aube du papier

Calcinée la mémoire pourtant
aveugle sous le fil des mots
tend ses racines et tord ton coeur d'aubier

ton coeur fragile qui s'écoule
des lèvres de la plume
et trace la dentelle du poème à venir

La page est sage et donne à lire
des mots et des images
mais sous le flux de la mémoire

une autre histoire palpite encore
et toujours, sous les sutures, les coutures,
redessine la plaie aux lèvres jamais soudées.


Ricordo Spinato

Il filo del ricordo è spinato
sgraffia la pagina e piange sangue
color sepia sull'alba della carta

Incenerita pure la memoria
cieca sotto il filo delle parole
estende le sue radici e torce
l'alburno del tuo cuore

questo cuore frangibile che scorre
dalle labbra della penna
e traccia il merletto del nascente poema

La pagina distesa rende leggibili
parole e immagini
ma sotto il flusso della memoria

palpita pure un'altra storia
che sempre, sotto le suture, i rammendi,
disegna la piaga dalle labbra mai saldate.

**

Journal d'un Retour à la Maison des Morts (inédit)


Voilà : Je ferme la porte sur la maison des morts
encore toute peuplée des fantômes de tes objets
Les clous dans les murs crient
comme ceux qui soutiennent l'INRI

Ecce Homo -
voici les mots
disent-ils


J'avance à tâtons, à l'aveugle, dans ton ombre

j'écarte de mon visage les araignées de la mémoire
et leurs nappes de soie et de poussière
où s'engouffrent comme des proies
mes pensées prisonnières des fines pattes tégénaires

*

Je n'ai pas vu ton dernier visage (2) – j'ai vu le visage de ta mort.

J'étais loin – j'ai eu ta voix au téléphone – une voix d'enfant perdu qui me parlait de moi comme d'une autre. Je n'ai pas vu ton dernier visage.
Ton corps était allongé dans un costume qui n'était pas le tien – trop grand pour le corps qui t'avait abrité ces derniers mois. Et j'ai vu le visage de ta mort.
Quelqu'un a dit : il n'est pas beau. Ça m'a blessée, mais ce n'était pas pertinent – la mort n'est ni belle ni laide, et ce n'était pas toi - c'était le visage de ta mort.

Ta mort a un visage d'insecte fragile et froid.
Les mandibules de la mort saillent sous le velin translucide de la peau, cuticule cireuse couvrant un masque indifférent.
Les yeux de la mort sont clos et dessinent deux creux de plomb bleui.
La bouche de la mort est pâle, et fine, un fil d'acier tiré sur tes secrètes dernières pensées, et pourtant un jeu d'ombre donne l'illusion qu'elle est encore ouverte sur le vertige d'un vide, entre les lèvres grises.
Et le nez de la mort est un bec couleur d'ivoire que je ne t'avais jamais vu.
Ta mort ne te ressemble pas – et pourtant elle a ton front – mais il est si lisse et blanc – front de galet poli par le temps.
Ta mort te ressemble et ne te ressemble pas.

J'aurais aimé prendre une dernière photo, avant qu'on ne referme la boîte dans laquelle ce corps est allongé – avant la définitive séparation - mais je n'ai pas osé – ça me semblait déplacé - j'ai eu tort : le visage de ta mort m'avait soulagée.
Tu n'étais plus là – la mort avait digéré ton corps, et tu étais parti – ce qui était toi en toi s'était envolé, avait repris sa liberté.

Le visage de ta mort n'était plus qu'une écorce, le cassant reliquat accroché au jonc du rivage, après la mue de la libellule

son exuvie abandonnée.

*

Après le train, la gare, où je ne reconnais rien
- quatre ans déjà -
le monument où l’explorateur Bottego
costumé en chasseur de fauves trapu dans le soleil couchant -
devant l'éternité ? -
le pied sur un rocher d'où coule la fontaine
rejoue torse gonflé l'épiphanie coloniale du superuomo dannunziano
matant :terrassant les soldats des peuples en révolte dont les corps renversés
longilignes comme ceux des Madonne de Parmigianino
miment l'extase
des saints –

tristesse de ces beaux corps à jamais dans le froid de l’automne

Parme est une ville endormie
qui rêve sur son passé
sous le marbre rose du Baptistère
les ruines du palais Farnese
il Lungo Parma où passait la Duchesse dans sa calèche
parcouru désormais d'un flot continu d'autos et de vélos


AMARCORD (3)

Abandonnée le long de la rue désertée Gelsomina pleurait

T'en souviens-tu?

Lentement passaient un cheval et le vent gris de la vie
et nos songes doux-amer

Ce soir nous voit assis comme elle sur la pierre

Regarde

Les étoiles dansent sur le baptistère
ou bien peut-être des insectes captifs des lumières

tu sais bien que je vois des châteaux la nuit sur le torrent
là où le jour se dressent de vétustes immeubles

Face à l'escalier du Théâtre s'incarne le visage vide et lumineux d'un passage voûté
le vent se joue d’un vieux sac de plastique
fantasmino volant selon sa propre fantaisie

personne ne passe à cette heure
sous le sombre rougeâtre des lampions
tout se dilue dans la sépia des vieux tirages photo

Ecoute

Piazza della Pace le chantier taciturne résonne comme
un plateau de Cinecittà à la fin des reprises

les vélos passent lentement
vrombit une vespa sans but

Nonchalants les Vitelloni errent sans plus de consistance que les
personnages à deux dimensions du cinéma

Voici pourtant ce qui manque au décor
la ritournelle de Gelsomina
maladroits sons de la trompette
appeau des souvenirs

Pourtant ils sont toujours là
plus vivants sous la pierre que tous les plaisirs
plus déchirants que toute douleur

ils sont le cœur de la ville endormie
dans la tisane de l'ennui

Attends que notre voix dissipe la magie

Te souviens-tu?

Parme est une belle endormie
le mieux est d'y dormir aussi
parcourir les voies de nos propres rêves et souvenirs

*

Les nuits sont de longs tunnels.
Tes nuits ici ont sans doute été comme les miennes
interrompues de réveils somnolents
de décisions non prises de se lever,
prendre une écharpe pour combattre le froid
et replonger dans la nuit sans se douter qu'on ne l'a pas fait

*

c'est la géographie de la journée qui change selon l'heure du lever
les mêmes distances ne peuvent être parcourues
les lieux sont plus vastes ou rétrécissent

Je comprends mieux tes fausses promesses, quand au téléphone tu me disais
"si, si, je l'ai fait – je le fais"
Ta vie, ces dernières années, s'était réduite à un long tunnel de silence

une chape de silence – jamais je ne l'avais autant ressentie – assourdissante
le silence siffle aux oreilles,
c'est le silence des Erinies -

la maison des morts est une maison de silence,
sans mots ni sons

*

pas d'autre obligation que celles qu'on se fixe à soi-même – un piège

tous ces carnets laissés derrière toi comme une incitation à t'écrire

Tu as toujours manqué de tout
tu avais fait de la pénurie une régle de vie, une esthétique ascètique
Tout pour les objets

La maison des morts est peuplée
des fantômes de ces objets
Les clous dans la chair ocre des murs crient
comme ceux qui soutiennent l'INRI -
Ecce Homo

Le soleil ne fait plus luire les cuivres de la cuisine.
Ternis, ils font partie d'un décor qui mime la vie

La dernière fois que j'étais venue, tu avais "mis la table" avec cristaux et dentelles, poupées et statues attablées, plus une chaise libre... nous avions mangé avec toi sur un coin de la table de la cuisine, encombrée elle aussi.

Tu avais construit une cuirasse-muraille d'objets – compagnie susurante qui te protégeait des agressions extérieures. Tu m'avais dit "tu seras surprise, la maison est très belle."

*


Nostalgia del liscio (4) – souvenirs du musette de mon enfance, saisi en essayant de trouver des informations radio sur mon téléphone. Toi aussi, tu aimais écouter ces musiques dansantes et populaires.
A l'église San Vitale, le lendemain, le sacristain m’explique l’histoire de l’église, et brusquement, à brûle-pourpoint, il me dit que lui aussi aime la “musette” qu’il trouve plus sensible et sentimentale que le liscio padano, bien que selon lui les plus beaux morceaux aient été composés par deux musiciens de “La Bassa”
Coincidenza? Je ne crois pas aux « signes », et pourtant…

J'apprivoise de nouveau la Maison des Morts – rangement des tiroirs – je récupère les têtes des marottes et les pierres de Chine

*

Trouvé, dans la rue, un bouquet de plumes de paon, in borgo delle colonne

j'ai bu l'amertume à la source

*

chacun gère son propre enfer – le Christ seul s'est chargé de l'enfer des autres


Journal de ce matin-là – le 13 mars 2014

une nouvelle m'atteint
en plein coeur

Mardi, Yasuo Takamatsu a plongé dans l’océan Pacifique à la recherche de son épouse, disparue il y a presque trois ans. Depuis novembre dernier, il étudiait pour passer un brevet de plongée, qu’il a finalement obtenu la semaine dernière, afin d’aller rechercher le corps de sa femme, portée disparue depuis le tsunami du 11 mars 2011. Mathias Cena

Sous la ribambelle de signes noirs dessinant leur minutieux cheminement de sens sur la page, je vois ce japonais inconsolable qui apprend la plongée dans l'espoir de retrouver
sous l'eau
les traces de sa femme
disparue à Fukushima

Orphée tentant de reprendre Euridyce à son enfer marin ! (5)


**


Cantique des Cantiques
(sur un tableau de Marc Chagall)


Dans les nuages
rose pourpre du matin
membrane
muqueuse nue
humide et tendre comme
l'intime d'une bouche
s'étirent des corps-sirènes

*

Leur sommeil alangui rêve
de mille fleurs
Une colombe apprivoisée
apporte
l'anneau nuptial tout irisé
d'un naïf arc-en-ciel

*

Tout lévite dans l'espace
où des lapins pourchassent
des musiciens-oiseaux
Des acrobates bleus
jouent du silence d'or

*

Et des branches d'un arbre
tel un fantôme blême
des feuilles
lentement se dissolvent
sur les pages du Livre.

*

Dans les cyprès
un merle
trille des bulles de rosée
qui perlent
aux cils de l'herbe
Matin d'après la pluie

*

Le silence est sonore
il tinte
comme l'angelus
d'un village englouti
dont la mémoire flotte
parmi les nuées floues
des reflets de la vie

(Le Silence tinte comme l’angélus d’une église engloutie, éditions Imprévues, d'Elizabeth Chabuel)

**
(1)Stroboscope : Appareil rotatif (disque, cylindre) permettant de faire défiler rapidement une suite d'images donnant l'illusion du mouvement, en vertu de la persistance des images rétiniennes. Stampfer, de Vienne, était professeur de géométrie et la Roue de Faraday, dont il s'inspirait, lui avait montré des secteurs coloriés dérivés du Disque de Newton. L'Autrichien, dans son Stroboscope, fit d'abord mouvoir des rosaces, des engrenages, des solides en révolution (SADOUL, Cin., 1949, p. 14).
(2) Dissonance, n.29 "Tabou
(3) La version italienne de ce poème a été publiée dans l’anthologie consacrée à Parme, édition Bertoni.
(4) Il liscio – valse musette populaire en Emilie-Romagne
(5) Ces notes sont à l’origine du livre La Noyée d’Onagawa, Jacques André éditeur



PHOTOGRAPHIES: S'abreuver au Léthé

Marilyne BERTONCINI

PHOTOGRAPHIES: S'abreuver au Léthé

Marilyne BERTONCINI

PHOTOGRAPHIES: S'abreuver au Léthé

Marilyne BERTONCINI

PHOTOGRAPHIES: S'abreuver au Léthé

Marilyne BERTONCINI

PHOTOGRAPHIES: S'abreuver au Léthé

Marilyne BERTONCINI

PHOTOGRAPHIES: S'abreuver au Léthé

Marilyne BERTONCINI

Mardi 28 Octobre 2025
Lu 6 fois

Dans la même rubrique :

Benoit CONORT - 05/09/2025

Catherine PONT-HUMBERT - 25/06/2025

BOUIN Yves-Jacques - 27/03/2025

BRAGANTI Sophie - 26/02/2025

Laurine ROUSSELET - 27/01/2025

Guillaume DECOURT - 04/09/2024

Viviane CIAMPI - 03/08/2024

Jean-Marie GLEIZE - 02/06/2024

Laurent FOURCAUD - 12/03/2024

1 2 3 4 5 » ... 17

PARCOURS ET PUBLICATIONS | REVUE DE PRESSE | EXTRAITS D' OUVRAGES | ACTUALITES | ECOUTER VOIR - VIDÉO ET AUDIO | ARTICLES ET CONFERENCES | EN REVUES ET ANTHOLOGIES | TEXT TRANSLATION IN ENGLISCH, SPANISCH... | LIBRES PAROLES












ANTHOLOGIES ET PUBLICATIONS COLLECTIVES

Revue Cités N°73,
Effraction/ diffraction/
mouvement,
la place du poète
dans la Cité,
mars 2018.

Pour avoir vu un soir
la beauté passer

Anthologie du Printemps
des poètes,
Castor Astral, 2019

La beauté, éphéméride
poétique pour chanter la vie
,
Anthologie
Editions Bruno Doucey, 2019.

Le désir aux couleurs du poème,
anthologie éd
Bruno Doucey 2020.







cb
22/11/2010